oct
30
2017

Au revoir CPI

La date butoir du retrait définitif de la CPI est arrivée. Bujumbura exulte, les familles des victimes désillusionnées.

Bujumbura jubile. Il en a fini avec la cour pénale internationale, cette épée de Damoclès pendue au-dessus de sa tête. Le Burundi a en effet décidé de tirer sa révérence du statut de Rome le 27 octobre 2016. Il fallait un an pour que le retrait soit définitif. C’est maintenant chose faite. Ce mercredi, à quelques heures de la date butoir, son gouvernement a d’ailleurs animé une conférence. Histoire d’enfoncer le clou et de narguer « les ennemis du pays’ qui ont ourdi des complots à coup de mensonges pour forcer la main à la CPI,» a indiqué le secrétaire général du gouvernement, Philippe Nzobonariba.

L’Etat burundais a expliqué ses raisons d’en découdre avec la CPI. La ministre de la Justice, Aimée Laurentine Kanyana a estimé que cette cour est « un instrument de pression sur les gouvernements des pays pauvres. » Un moyen de les déstabiliser. « Depuis la création de la CPI, seuls les ressortissants des pays africains ont été traduits devant la cour comme si le reste du monde est à l’abri des crimes poursuivis devant elle. » Pour la ministre, pas de doute, les enquêtes de la CPI se font sous l’impulsion des grandes puissances, dont certains n’ont même pas ratifié le statut de Rome.

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est l’examen préliminaire décidé par la cour pénale internationale. Pour Bujumbura, cette décision a été prise sur pression de l’Union européenne. Et au nom de la souveraineté nationale, il faut en finir avec la CPI.

En tout cas, se retirer de cette cour passe chez certains analystes comme une confirmation de la culpabilité. Plusieurs mécanismes internationaux ont toujours dénoncé de graves violations des droits de l’Homme. Et tout récemment, la commission d’enquête des N-U sur le Burundi a dressé un tableau plutôt accablant de la situation des droits de l’Homme. Son président, Fatsah Ouguergouz a évoqué des crimes contre l’humanité. Selon la commission, tout porterait à croire que le président de la République, Pierre Nkurunziza ainsi que plusieurs hautes autorités du pays seraient impliqués dans des violations graves des droits de l’homme, voire des crimes contre l’humanité. Il demande à la CPI d’enquêter sur ces exactions. Une des raisons de régler cette affaire une fois pour toute.

Grosse déception pour les victimes

Depuis la crise de 2015, un collectif d’avocats des familles des victimes, a porté plainte à la CPI et indique y avoir déposé plus de 1.400 dossiers et beaucoup de témoignages des victimes et des témoins. La cour pénale internationale a statué sur des enquêtes préliminaires en avril 2016. Certaines victimes se disent déçues par l’inaction de la communauté internationale. Malgré la pression de la société civile et des organisations internationales, elle ne s’est pas décidée à statuer sur le début des enquêtes. Une sorte de victoire de Bujumbura qui appréhendait l’étau de la justice internationale qui se resserrait sur lui. Depuis quelque temps, il avait lancé une espèce de compte à rebours, les yeux rivés sur le calendrier.

iwacu-burundi.org

 

 

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