juin
19
2017

Le Burundi pointé du doigt pour ses exactions extrajudiciaires

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Le menu de la 35ème session du Conseil des Nations unies des droits de l’Homme

La Commission d’enquête sur le Burundi a présenté son rapport au Conseil des droits de l’Homme. Elle parle de graves crimes qui se poursuivent…

″Un sentiment de peur profonde et généralisée″, cela ressort des témoignages recueillis par la Commission d’enquête sur le Burundi. Au cours de cette 35ème session, un rapport oral a été soumis. Il s’agit d’un second rapport, le premier ayant été présenté lors de la session de mars.

Le président de la commission, Fatsah Ouguergouz, parle de peur, des persécutions. Il évoque également la crainte de témoigner par peur de représailles. Celle de rentrer au pays malgré les appels répétés du Gouvernement. « La portée et la gravité des violations des droits de l’homme depuis avril 2015 ont été confirmées» a encore déclaré la Commission.

Interdite d’accès au Burundi, la commission a notamment sillonné les pays de la sous-région. De nombreux Burundais en exil ont été interrogés. Au total, plus de 470 témoignages de violations des droits de l’Homme ont été recueillis depuis avril 2015. Depuis fin 2016, des violations DH sont commises de manière plus discrète, mais tout aussi brutale dit la Commission d’enquête.

La commission fait état d’exécutions extrajudiciaires, d’actes de torture, de violence sexuelle et sexiste. Sans oublier les arrestations arbitraires et les détentions et disparitions forcées. Souvent accompagnées de demandes de rançons.

Sont pointés du doigt les membres du service national du renseignement et de la police, parfois aidés par les jeunes du parti au pouvoir, les Imbonerakure. Les victimes sont essentiellement les opposants au pouvoir en place, notamment les membres des partis Fnl et Msd. Elles sont ciblées indépendamment de leur appartenance ethnique.

Des tortures

La description des séances de torture contenues dans le rapport font froid dans le dos : utilisation de matraques, de crosses de fusil, de baïonnettes, de barres de fer, de chaînes métalliques et de câbles électriques. Objectif : briser les os des victimes et leur faire perdre connaissance.

Certains témoignages parlent également des aiguilles enfoncées dans les corps des victimes ou des produits non identifiés injectés ; des ongles arrachés avec des pinces. Des brûlures et de nombreux abus infligés aux organes génitaux des détenus masculins. « Dans plusieurs cas, des actes de torture et de mauvais traitements ont été accompagnés d’insultes violentes et de menaces de mort, y compris d’origine ethnique », a déclaré Fatsah Ouguergouz.

« Rien de bon pour le Burundi »

Aucune délégation de Bujumbura n’a été envoyée à Genève. Juste son ambassadeur sur place dépêché sur les lieux pour représenter le Burundi. Le gouvernement dit ne rien attendre de bon de cette session du Conseil des droits de l’Homme. « Après analyse du premier rapport oral, nous constatons qu’il s’agit d’un prolongement du rapport de l’Einub, » a déclaré le ministre des Droits de l’Homme, Martin Nivyabandi la veille de la sortie de la fameuse commission. Selon lui, le gouvernement l’avait trouvé biaisé et politiquement orienté. Le gouvernement a d’ailleurs réfuté ce qu’il qualifie de contre-vérités contenues dans ces rapports et leur caractère partial. Raison de plus pour Bujumbura de croire que le rapport de ce jeudi est une copie de celui de l’EINUB.

Pour Bujumbura l’objectif est d’incriminer par tous les moyens les plus hautes autorités.

Le gouvernement a lancé des piques à l’Union européenne. Il l’a accusée d’avoir forcé la mise en place de la commission d’enquête actuelle contrairement aux usages du Conseil qui privilégie le consensus pour l’adoption des résolutions sur un pays. Et de marteler que la commission d’enquête n’a pas sa raison d’être. Elle n’apporterait pas de nouveaux éléments par rapport au rapport de l’EINUB. Pour le gouvernement, le Burundi reste disposé à coopérer avec tout organe de défense et de promotion des droits de l’Homme. A condition que le professionnalisme soit de rigueur. Et que les rapports respectent la souveraineté du pays. Telle est en substance la position de Bujumbura.

La Commission d’enquête sur le Burundi présentera son rapport final à la 36ème session de septembre 2017. Dans l’entre-temps, elle va poursuivre ses enquêtes. Et statuer si certaines violations constituent des crimes de droit international.

iwacu-burundi.org

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