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2017

L’émission ″Urubuga rw'itangazamakuru″ et son impact

L’Institut Panos Grands Lacs (IPGL) a procédé ce vendredi 07 juillet 2017 à Champions Hotel sis à Kigali, à la présentation des résultats d’une étude sur l’impact de l’émission : "Urubuga rw'itangazamakuru" (Club de la presse) diffusée en synergie sur six radios  et une TV dispatchées dans tout le pays. L’étude démontre indubitablement, un impact sur les  auditeurs ainsi que les décideurs rwandais.

L’étude réalisée entre mars et juin 2017 s’est étendue  sur tout le territoire rwandais avec un échantillon de 559 individus dont les femmes représentent la strate la plus élevée de 56%. Selon le Révérend Jean Pierre Uwimana, consultant qui a mené cette étude,  les enquêtés sont 53% pour avoir attesté qu’ils suivent et interagissent dans cette émission « club de la presse » "Urubuga rw'itangazamakuru". Elle est diffusée tous les dimanches à partir de 14h à 15h30 sur six radios et une TV œuvrant en synergie. Il s’agit de trois radios de la ville de Kigali: Radio/TV Isango Star (Organe hub), Inkoramutima et Voice of Africa. D’autres sont localisées dans les différentes provinces administratives du Rwanda à savoir : Radio Ishingiro (Nord du Pays); Radio Izuba (l’Est du Pays) et Radio Isangano (Ouest du Pays).

Dès sa création en 2013, cette émission qui a été conjointement initiée par IPGL en collaboration avec l’Association Rwandaise des journalistes (ARJ), avait pour objectif de promouvoir la culture de débats démocratiques au Rwanda en créant un espace qui permet aux journalistes, aux institutions gouvernementales et à la société civile de s’exprimer et d’échanger sur les problèmes de l’heure, aussi permettre aux différentes radios  et à  la TV Isango d’enrichir leurs grilles de programmes tout en œuvrant en synergie médiaque.

Au fil des années, l’émission a donc donné l’opportunité aux professionnels des médias de discuter sur les sujets différents, même soi-disant tabous afin de renforcer la culture de débats démocratiques et la liberté d’expression.  C’est pourquoi,  cette étude  a présenté de manière quantitative et qualitative, des données fiables sur l’impact de l’émission "Urubuga rw'itangazamakuru" .

Les enquêtés rentrent dans différentes catégories sociales. Par exemple, la variable qui montre leur niveau d’études dégage 35,4%  qui ont fait l’école primaire, 23,6% l’école secondaire, 18,6% des métiers, 11,4% l’université et enfin, 10,9% n’ont pas fréquenté l’école.

La strate d’âges la plus dominante dans cette étude est celle d’entre 18 et 25 ans. Elle représente 28,1% contre 25,9% de la strate comprise entre 26 et 30 ans.

Les questions cruciales qui illustrent l’influence de l’émission "Urubuga rw'itangazamakuru" sur son auditoire sont divergentes et variées. Elles montrent que les individus qui ont un  poste radio s’élèvent à 91,4%  et ceux qui ont des téléphones avec radio s’y annoncent avec un seuil de 89,4%. Sur la question de savoir si les enquêtés ont l’habitude d’écouter la radio, l’étude exhibe des chiffres expressifs : 82% affirment en avoir, 13,4% nuancent cette habitude avec la notion de ″quelque peu″ et 3,9% attestent avoir ce goût de suivre la radio régulièrement, alors que 0,7% déclarent qu’ils n’écoutent jamais la radio.

L’écoute de l’émission "Urubuga rw'itangazamakuru" selon les provinces, vient encore renforcer son influence qu’elle a sur son auditoire. La répartition de l’écoute suivant les provinces et la ville de Kigali en illustrent le fait. L’étude montre que  la ville de Kigali vient avec un score de 68%, la province du sud avec 55%, la province du nord avec 63%, la province de l’est avec  41% et celle de l’ouest 46%. La moyenne de l’écoute est de 53%  contre 11%.

Les enquêtés ont en outre  montré que les  thèmes traités dans l’émission ″Club de la presse″ ont apporté des éléments de réponses pour gérer les problèmes de l’heure au seuil de 76% contre 24%.

Les grandes interventions

Le président du Conseil d’Administration de l’ARJ, Cléophas Barore qui est aussi membre de la conférence de rédaction de cette émission, a salué  le travail consistant, effectué par l’IPGL pour mesurer l’impact ou l’influence de  l’émission ″Urubuga rw'itangazamakuru" au sein des auditeurs rwandais. Il a noté que les hommes et femmes politiques savent maintenant  l’avantage de s’exprimer dans les médias, ce qui signifie que les journalistes doivent maîtriser correctement le thème du jour à débattre. Barore a aussi  montré que les Rwandais s’habituent progressivement à la culture de débats.

Solange Ayanone  journaliste animatrice de cette émission, a évoqué le problème de manque d’experts pour éclairer l’auditoire sur certains sujets, ce qui fait que certains invités experts sont toujours les mêmes, ils reviennent donc le plus souvent dans cette émission. Elle a noté qu’en qualité de femme animatrice de l’émission, elle reçoit des critiques de toute part, montrant qu’elle coupe la parole à l’auditoire, ce qui signifie qu’elle est naturellement une femme difficile. ″Je trouve de cette critique un problème de certains hommes qui n’ont pas encore assimilé le concept ″genre″, a-t-elle martelé.

Le public a grandement insisté sur la tension qui marque de plus en plus les intervenants dans cette émission. Le consultant Jean Pierre Uwimana, a révélé qu’il ne s’agit pas des querelles et disputes entre les invités, mais plutôt qu’il s’agit d’une émission qui confrontent les gens de différentes opinions, ce qui rend alors très chaud et agitée, l’émission en question.

Le même public pendant la présentation des résultats de cette étude, a disséqué l’état des lieux de la liberté d’expression au Rwanda. Le constat est que les journalistes et les invités dans l’émission peuvent avoir le sentiment de frustration qui se résume pour la plupart des fois par la peur. ″La culture  de débats n’est pas encore enracinée au Rwanda, les résultats de cette étude méritent leur place″, a ajouté Eugène Ndekezi de la Radio Huguka.

 Les grandes recommandations

L’étude a dégagé une série de recommandations qui ont  suscité l’attention du public et ainsi, soulevé de grandes discussions. Entre autres recommandations, les auditeurs de l’émission ″Urubuga rw'itangazamakuru" ont souhaité : l’alternance des journalistes dans la modération de cette émission selon les thèmes évoqués, car on ne peut être spécialiste dans tous les domaines.

L’étude demande aux animateurs de vaincre la peur et de confronter les invités en posant les questions pertinentes, car l’invité(e) répond à la question suivant la manière dont celle-ci lui est posée. Ceci permettra d’épuiser la face cachée des sujets débattus. A travers l’émission, Il est important de varier davantage les invité(e)s et choisir ceux/celles de qualité, aptes à engager le débat. Les invité(e)s devraient être avisés à temps (au moins 3 jours avant l’émission) pour éviter l’improvisation.

Les animateurs ont été priés de trouver les femmes dans les débats ayant le calibre de participer à cette émission. De même,  l’étude sollicite à l’IPGL de trouver des moyens financiers pour financer les reportages sur terrain pour alimenter le débat télévisée. Enfin, Il faut améliorer la qualité du son pour la radio, car depuis le passage à la télé, elle s’est détériorée.

Sur ce point, les invités ont clairement montré qu’au niveau technique, la fusion du son de la radio et de la télévision simultanément produit toujours des interférences. De ce fait, ils ont proposé la  diffusion de cette émission à la télé séparément de la radio.

Le Directeur Général de l’IPGL, Cyprien Ndikuma a salué la participation de tout un chacun dans les cérémonies de présentation des résultats de cette étude et apprécié les résultats de 53% des Rwandais qui attestent qu’ils suivent l’émission  "Urubuga rw'itangazamakuru″.

Il a indiqué que toutes les observations faites seront examinées en concertation avec les parties prenantes.

Safari Byuma Alphonse

Chargé de Communication/ IPGL

 

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