oct
07
2015

Thierry Vircoulon (IFRI) : « Les diplomaties africaine et internationale ont failli au Burundi »

Bruxelles – « Les garants de l’Accord d’Arusha ont failli à leur mission, et aujourd’hui cet accord est ouvertement menacé par le régime burundais ». C’est ce qu’a déclaré aux micros d’IGL Thierry Vircoulon, chercheur associé à l’Institut français des relations internationales et co-auteur d’un rapport publié par l’IFRI sur le Burundi, dans lequel il pointe notamment du doigt « l’échec de la diplomatie africaine et de l’ONU ». Dans ce grand entretien accordé à IGL, Vircoulon souligne la responsabilité particulière de la Communauté de l’Afrique de l’est (CAE), coupable à ses yeux « de s’être mobilisée beaucoup trop tard, et ce malgré le fait que l’architecture de paix et de sécurité stipule que les organisations régionales sont chargées de prévenir et de gérer les crises dans leur zone, avec l’appui de l’Union Africaine », dont « la présidente de la Commission de l’UA a fait preuve d’un certain courage dès le début de la crise ».

Sur le fond, la CAE a été victime de ses propres divisions, et du choix cornélien de son médiateur. Un choix jugé peu judicieux selon Thierry Vircoulon, car « qu’elle peut être la crédibilité Yoweri Museveni lorsque l’on sait qu’il vise un quatrième mandat en Ouganda » ? Sur un tout autre plan, l’Union Européenne a elle aussi montré certaines limites dans son action politique car « ses espoirs de dialogue et de médiation ont buté sur une impasse ». Face à la détérioration de la situation sur le terrain, « l’UE n’a eu d’autres choix que d’imposer des sanctions ciblées et demain probablement de suspendre une partie de son aide » à travers la révision de l'Accord de Cotonou.

Enfin, Thierry Vircoulon dresse un état des lieux du climat de violence qui règne actuellement au Burundi, aussi bien à Bujumbura que dans le milieu rural.

Propos recueillis par Joshua Massarenti pour Infos Grands Lacs, en collaboration avec Afronline/VITA (Italie).