aoû
26
2018

Après le rejet de sa candidature, les partisans de Bemba restent mobilisés

Les partisans de l'ex-chef de guerre et opposant Jean-Pierre Bemba ont promis de se mobiliser par tous les moyens, après le rejet de sa candidature en République démocratique du Congo, une virulence qui n'a pas enflammé samedi les rues congolaises.

« Nous allons utiliser toutes les voies de droit à notre disposition pour faire valoir la candidature de Jean-Pierre Bemba à la présidentielle », a déclaré à l’AFP la secrétaire générale de son parti Mouvement de libération du Congo (MLC), la députée Eve Bazaiba.

Le MLC va commencer par un recours devant la Cour constitutionnelle d’ici mardi matin, dans le délai légal de 48 heures (en jours ouvrables), a-t-elle ajouté. Le MLC et l’opposition ont aussi lancé un appel « à la mobilisation générale de tous les Congolais » vendredi soir avant même la décision de la commission électorale.

La vie était normale samedi à Kinshasa, l’un des fiefs de M. Bemba, en dehors de la présence inhabituelle de policiers en tenue anti-émeute près de la télévision d’Etat RTNC. Une mesure de « dissuasion », d’après un porte-parole de la police.

Rien à voir avec la RDC à feu et à sang des années 2000. Rival malheureux de M. Kabila à l’élection présidentielle de 2006, M. Bemba avait quitté la capitale sous escorte des Nations unies en avril 2007 après des combats entre sa milice et l’armée qui avaient fait entre 200 et 300 morts.

Figure de l’ouest du pays face aux « Katangais » du pouvoir, M. Bemba avait fait un retour triomphal à Kinshasa le 1er août après onze ans d’absence. Il passait pour un candidat sérieux à la succession du président Kabila, qui ne peut plus se représenter et qui a finalement désigné un « dauphin », l’ex-ministre de l’Intérieur Ramazani Shadary, après des mois de tensions et au moins trois jours de violences lors de marches catholiques en début d’année.

« Elimination scandaleuse »

Après dix ans de prison, M. Bemba avait été acquitté en juin par la Cour pénale internationale (CPI) pour des faits portant sur des exactions commises par sa milice en Centrafrique en 2002-2003.

La CPI le poursuit toujours dans une affaire annexe de subornation de témoins. Sa condamnation dans cette affaire est la raison invoquée par la commission électorale nationale et indépendante (Céni) pour déclarer sa candidature irrecevable.

A Kinshasa, le cas Bemba est avant tout une affaire politique. Son « élimination scandaleuse » démontre « que le paramètre principal de ces élections sera le niveau de triche », s’est insurgé sur Twitter l’homme d’affaires Sindika Dokolo, à la tête du mouvement citoyen virtuel Congolais debout.

M. Dokolo et d’autres font le rapprochement avec l’opposant en exil Moïse Katumbi, qui affirme avoir été empêché de revenir en RDC pour déposer sa candidature à l’élection présidentielle.

Au total, la commission électorale a écarté six candidats sur les 25 qui avaient déposé leur dossier à l’élection présidentielle prévue le 23 décembre.

Outre M. Bemba, la commission a écarté trois anciens Premiers ministres de M. Kabila, Samy Badibanga, Adolphe Muzito, et Antoine Gizenga, 92 ans, ex-frère d’armes du héros de l’indépendance Patrice Lumumba en 1960.

« Ces invalidations sont inacceptables et montrent encore une fois l’instrumentalisation totale de la Céni par Kabila », a réagi sur Twitter Moïse Katumbi.

« Avec la population, l’opposition, la société civile, et nos partenaires, faisons front, augmentons la pression, refusons le simulacre d’élections +kabilistes+ », a ajouté M. Katumbi.

Signe encourageant

La commission électorale doit publier la liste définitive – après examen des recours – des candidats le 19 septembre. La commission a en revanche retenu le dossier de Félix Tshisekedi, président du parti historique d’opposition UPDS, et fils de son fondateur, Etienne Tshisekedi, décédé à Bruxelles le 1er février 2017.

Elle a aussi validé la candidature du chef du parti présidentiel PPRD Emmanuel Ramazani Shadary, le « dauphin » désigné par le président Kabila et sa coalition Front commun pour le Congo (FCC).

Le retrait de M. Kabila, que ses adversaires soupçonnaient de vouloir passer en force, avait été perçu comme un signe encourageant par certains observateurs.

« Le renoncement de M. Kabila à un troisième mandat inconstitutionnel ne constituait pas la fin du combat dans la quête d’élections inclusives, transparentes, crédibles et apaisées », ont prévenu les principaux opposants dans un communiqué publié vendredi soir.

Plus grand pays d’Afrique sub-saharienne (2,3 millions de km2, quelque 80 millions d’habitants), la RDC n’a jamais connu de transition pacifique du pouvoir.

Le pays regorge de coltan, cobalt cuivre, or… mais le revenu moyen de ses habitants est de 1,25 dollar par jour.

La commission électorale a aussi validé 15.222 candidatures aux élections législatives, en écartant 283 dossiers.

Les trois élections présidentielle, législatives, et provinciales doivent se tenir le 23 décembre. Elles ont été deux fois reportées depuis décembre 2016, date de la fin officielle du deuxième et dernier mandat de M. Kabila.

jeuneafrique.com

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