avr
22
2019

Bujumbura : Quand se soulager sur la place publique devient une banalité

Femmes comme hommes, à certains endroits de la ville de Bujumbura, se soulagent en plein jour sur la place publique. Le chargé de la brigade de salubrité à la mairie parle plus de la délinquance que du manque de latrines publiques.

 

Deux femmes, d’un certain âge, accroupies par-ci, contre un mur dans un buisson. Trois jeunes hommes debout, alignés par-là, en plein air. Ils s’offrent en spectacle en train de se soulager.

 

C’est lundi 15 avril, vers 14h. De part et d’autre de la route boueuse menant vers le parking des agences de voyage de Cotebu.

 

Sur ce même mur, le propriétaire a tenu à faire graver une mise en garde : «Il est interdit de pisser ici. Le contrevenant paiera une amende de 15000 BIF».

 

C’est peine perdue. La même scène de part et d’autre, minute après minute, sur cette voie. A longueur de journée, il en est de même le long de la clôture en broussailles de la désormais Afritextile, l’ex-Cotebu.

 

Différentes activités sont exercées dans les environs, le commerce surtout. A quelques mètres de là, des bureaux des agences de transport en commun, Memento et Volcano. L’endroit grouille de monde.

 

Par endroits, des excréments humains, imbibés d’urine… sont en décomposition. Des mouches infestent l’endroit. La verdure a laissé la place à l’herbe jaunie. Un passant dira que des gens y font le grand besoin le soir.

 

Alexandre Kayobera, jeune porte-faix au marché de Cotebu, affirme qu’il se soulage aussi en plein air. Il le fait, suite à la pauvreté. Autrement, il paierait les 200 BIF exigés aux latrines dans les locaux abritant les agences de voyage. «C’est l’argent qu’il me faut pour l’achat d’un beignet, le matin, c’est-à-dire le petit déjeuner».

 

Délinquance ?

 

D’après lui, la mairie devrait construire des latrines publiques. A cet endroit comme dans d’autres lieux de rencontre pour plusieurs personnes. Et ce pour garantir la propreté dans la ville. Il souhaite, en outre, que leur usage soit gratuit.

 

Au sujet des conditions de l’utilisation, Selemani Ntakirutimana, travailleur dans l’agence de voyage Memento, est d’un avis contraire. 50 BIF et 100 BIF lui semblent convenables, respectivement pour le petit et grand besoin. «En cas de gratuité, qui devrait régler la facture d’eau liée à ces latrines?»

 

David  Ndayizeye, chargé de la brigade de salubrité à la mairie, assure que des latrines publiques existent là où elles doivent être dans la ville. Des endroits où se rencontrent beaucoup de personnes, notamment les marchés, les parkings, le site de l’ancien marché de Bujumbura, etc.

 

Il se dit étonné d’entendre qu’il y ait des gens, dans les environs du marché de Cotebu, qui se soulagent en plein air. «A l’intérieur du marché, il existe deux blocs de latrines dont l’accès est d’ailleurs gratuit pour leurs usagers et un autre pour les administratifs». D’autres latrines payables existent sur le parking des bus de transport en commun à cet endroit.

 

La délivrance d’une autorisation d’exercice d’une activité commerciale, souligne-t-il, est conditionnée notamment à la construction des toilettes et la présence d’eau potable. Il cite l’exemple du marché situé dans la commune Ntahangwa communément appelé «kwa Siyoni».

 

Ce responsable de la brigade salubrité en mairie de Bujumbura affirme qu’ils sensibilisent régulièrement les citadins sur l’importance des latrines.

 

Source: iwacu-burundi.org

 

Langues: 
Genre journalistique: 
Thématiques: 

Partager