avr
23
2022

Burundi : Arrestations en cascade de présumés opposants

Plusieurs dizaines d’opposants surtout des militants de la principale formation de l’opposition le CNL et ceux du parti MSD considéré par le pouvoir comme un mouvement armé ont été arrêtés durant les deux dernières semaine à Bujumbura, à Gitega et à Bururi, au sud du pays.

Le parti CNL fait le décompte de plus de 60 personnes arrêtées dans la période d’au moins quinze jours.

« C’est un véritable chasse à l’homme. Ils ne veulent pas que nous exercions le droit civil et politique. Tout jeune est assimilé au CNL ou à MSD. Nous en appelons au gouvernement de cesser ces intimidations du moment que les élections sont terminées, même si nous savons qu’elles ont été truquées car c’est le parti CNL qui allait les remporter », rassurent des responsables du CNL dans la mairie de Bujumbura.

Parmi eux, des jeunes tutsi, accusés de collaborer avec les putschistes comme Jean de Dieu Ndikuriyo, ce jeune homme arrêté chez lui dans la matinée du 14 avril dernier, au quartier Kajiji, zone Kanyosha de la commune urbaine de Muha.

« Jean de Dieu Ndikuriyo et plusieurs autres jeunes sont détenus dans différents cachots de la police et d’autres au niveau des services secrets des renseignements. Leurs familles ne savent pas où les leurs sont emprisonné car ils ne sont pas enregistrés dans les registres. Ils sont détenus d’une façon vagabonde et nous demandons qu’ils soient libérés ou portés devant le tribunal », affirment des parentés qui craignent des tortures et exécutions extra-judiciaires à ces jeunes arrêtés.

Certains de ces personnes sont aussi soupçonnées de travailler de mèches avec des rebelles Red-Tabara qui opèrent à l’Est de la RDC contre le gouvernement burundais. Ce dernier mouvement ayant des liens avec le parti MSD dirigé par Alexis Sinduhije, sous un mandat d’arrêt international émis par la justice burundaise.

Jean de Dieu Ndikuriyo, lui, il est connu et dénoncé par des jeunes Imbonerakure, affiliés à la ligue des jeunes du parti au pouvoir, définis comme une milice qui fait la pluie et le bon temps par l’ONU.

« Il est arrivé à un niveau élevé jusqu’à placer un drapeau du parti CNL chez lui à Kajiji-Kanyosha, c’est insupportable dans notre quartier connu comme fief du parti au pouvoir. Il doit en payer cher », soulignent des sources administratives sous couvert d’anonymat.

Jean de Dieu Ndikuriyo sera relâché quatre jours après son incarcération.

« Je crains pour ma sécurité. Je vois des mouvements de va-et-vient inhabituels à côté de chez moi, je crois que je suis suivi et que d’un moment à l’autre ils peuvent m’enlever. Rien n’est impossible dans ce pays qui compte plusieurs disparitions forcées chaque semaine. Pourtant je ne m’accuse de rien car exercer la politique c’est mon droit et j’avoue que j’ai des idées contraire et critiques à celles du parti au pouvoir », a-t-il indiqué après sa sortie de cachots.

Lui comme les autres ne comptent pas céder à la panique.

« Je ne suis pas prêt à laisser la politique de critique car, ce sont nos idées contradictoires qui feront que notre pays soit bien gouverné. Je ne vais pas cesser de faire des dénonciations des violations des droits humains, des disparitions forcées ou encore des arrestations arbitraires comme celles dont nous sommes victimes. Mais je vois que tôt ou tard, ils auront à me tuer pour me faire taire », a précisé Jean de Dieu Ndikuriyo et ses collègues militants de l’opposition.

Ces personnes arrêtés à Bujumbura, à Gitega ou à Bururi, elles sont aussi accusés « injustement », se défendent-elles, de donner des informations aux médias internationaux et/ou en exil et aux organisations de défense des droits humains.

En février dernier, des organisations indépendantes de défense des droits humains, tant nationales qu’internationales, ont dénoncé « de graves violations des droits humains, des crimes contre l’humanité, de l’impunité généralisée”, ajoutant que « la police et les forces de sécurité, le Service national de renseignement (SNR) et les Imbonerakure (la branche jeunesse du parti CNDD-FDD au pouvoir) sont responsables de la plupart de ces violations”.

Ces organisations burundaises de défense des droits humains ont souligné qu'« aucun progrès significatif n’a été constaté dans le domaine des droits humains dans le pays », insistant sur l’absence de réformes. Elles ont ajouté : « La situation que nous avons fuie reste la même aujourd’hui », un défenseur des droits humains demandant « Comment pourrions-nous retourner dans un pays où l’on risque enlèvements, arrestations arbitraires, assassinats ? »

Elles ont recommandé au conseil des droits de l’ONU de renouveler le mandat du Rapporteur spécial sur le Burundi, chose qui a été faite.

“En l’absence d’améliorations structurelles, et alors que de graves violations des droits humains continuent à être commises en toute impunité, le Conseil devrait adopter une résolution qui reflète la réalité sur le terrain et assure la continuité tant du travail de suivi et de mise au point de rapports que des débats publics sur la situation des droits humains au Burundi. Il devrait accorder au Rapporteur spécial le temps dont il a besoin pour remplir sa mission et exhorter le Burundi à coopérer avec lui, notamment en lui permettant un accès au pays”, ont-elles laissé entendre.

La Cour Pénale Internationale mène des enquêtes proprement dites sur « de crimes contre l’humanité » qui aurait été commis au Burundi depuis 2015.

Langues: 
Genre journalistique: 
Durée: 
00:03:00

Partager