Jan
22
2020

Burundi : Des avantages “exorbitants” accordés au président sortant

Le projet de loi voté ce mardi par les députés burundais a été présenté par Aimée Laurentine Kanyana, l’actuel ministre burundais de la justice et de la protection civique.

 

“Le Chef de l'état est une personnalité importante pour le pays. Ainsi, durant l'exercice de ses fonctions et même à l'expiration de celles-ci, il mérite d'être traité avec dignité sur tous le plans” a martelé Aimée Laurentine Kanyana.

 

L’article 21 dudit projet de loi stipule qu’un ancien Chef d’État ayant été élu au suffrage universel direct pour un mandat présidentiel bénéficie “d’un palais construit sur les fonds publics dans une localité de son choix ainsi qu’une allocation unique d’un milliard de francs burundais”.  L’avant projet de loi préparé par le gouvernement avait plutôt fixé l’allocation à cinq cents millions de francs burundais.

 

Pendant les sept premières années qui suivent la cessation effective de ses fonctions, l’article 9 indique que l’État met gratuitement à la disposition d’un ancien Chef d’État une maison et un bureau. L’abonnement internet, les frais de communication par téléphone fixe à la résidence et son téléphone portable sont à charge de l’État.

 

Il bénéficie également d’un assistant, un chargé de protocole, de l’intendance, un maître d’hôtel, une gouvernante, sept chauffeurs, deux cuisiniers, deux jardiniers, trois véhicules protocolaires et trois véhicules de service.

 

Pendant la même période, un ancien Chef d’État bénéficiera d’un service de sécurité comprenant une unité de sécurité dotée de moyens de locomotion et de communication suffisants, un budget d’entretien de la résidence, du bureau, des véhicules et d’achat du carburant sera voté annuellement.

 

Les autres avantages lui accordés sont la prise en charge des frais médicaux et pharmaceutiques d’un ancien Chef d’État, de son conjoint et de ses enfants mineurs ainsi que les honoraires du médecin, les frais de l’eau et de l’électricité, les frais scolaires des enfants de moins de 18 ans dans les établissements publics du Burundi, et le droit de se procurer, à la fin des sept premières années, deux véhicules personnels et un véhicule de service exonérés des droits de douanes et taxes une fois tous les cinq ans.

 

Le projet de loi mentionne en son article 10 qu’en cas de décès, ces privilèges sont accordés à son conjoint survivant et ses enfants mineurs mais réduits à moitié.

 

Cependant, les anciens présidents burundais ne s’équivalent pas.

 

“La légitimité d'un Chef d'état dépend de la façon dont il a accédé au pouvoir. Un président qui a accédé au pouvoir par un coup d'état ne mérite pas des égards”, a précisé la ministre devant l’assemblée a priori acquise à sa cause car issue du CNDD-FDD comme le président dont il est question, Pierre Nkurunziza.

 

Avec les limites posées par le projet de loi, seuls le Président Pierre Nkurunziza et et la famille du Président feu Melchior Ndadaye seront bénéficiaires de ces avantages.

 

Et la ministre d’ajouter que  “un Président qui a accédé à ces fonctions par un simple consensus d'un groupe de politiciens n'a pas la même considération qu'un Président élu démocratiquement au suffrage universel direct”.

 

Là, il est question de Cyprien Ntaryamira, assassiné le 6 avril 1994 avec son homologue rwandais Juvenal Havyarimana, en même jet en provenance de la Tanzanie. Il avait été nommé en début de la même année par d'un groupe de politiciens du Frodebu et de l’Uprona pour succéder à Melchior Ndadaye, lui-même assassiné le 21 octobre 1993 au cours d’un coup d’état.

 

Les familles des six autres anciens présidents burundais à savoir Michel Micombero, Jean Baptiste Bagaza, Pierre Buyoya, Cyprien Ntaryamira, Sylvestre Ntibantunganya et Domitien Ndayizeye sont laissées à elles-même car  “n’ayant pas accédé au pouvoir par la voie électorale” selon les dire des députés.

 

D’après un analyste politique, “l’actuel  président burundais, veut se donner plus de confort et d’avantages exorbitants à sa sortie car l’enveloppe d’1 milliard est égale à un budget annuel de deux entités communales, ce qui montre à 80% qu’il va honorer sa déclaration de ne pas se représenter encore une fois aux élections de mai 2020”.