mar
21
2019

Burundi-Dialogue: 14 organisations et forum de la société civile saisissent l’Union Africaine pour prendre la relève

Il s’agit d’une correspondance que ces organisations de la société civile dite indépendante ont adressé à Moussa Faki Mahamat, le président de la commission de l’Union Africaine. Elles veulent que l’UA prenne la relève et réorganise le dialogue inter burundais,  actuellement au point mort sous l’égide de la communauté Est Africaine.

 

Ces organisations de la société civile dressent un bilan largement négatif des résultats du dialogue inter-burundais organisé par la Communauté Est Africaine.

 

“Depuis 2015, des séances de consultations ont été organisées dans une lenteur affligeante au regard du contexte sans qu’un véritable dialogue ne puisse avoir lieu. La  raison  est  notamment le sabotage opéré par le Gouvernement du Burundi à travers son  refus  de s’asseoir sur une même table de négociations avec l’opposition politique et la société civile comme cela ressort du rapport du facilitateur dans ce conflit” lit-on dans leur correspondance.

 

Ces organisations trouvent également un certain manque de volonté de la part de l’EAC. “le Facilitateur a justifié son échec par l’absence d’un soutien significatif de la part des chefs d’Etats de la région  qui seraient  divisés sur la question” disent-elles.

 

Depuis que le facilitateur a rendu rapport aux chefs d’état de l’EAC qui l’ont mandaté, “voici bientôt six mois et nous constatons avec regret que rien ne filtre autour des prochaines étapes dudit dialogue qui constitue pourtant un préalable indispensable à l’organisation des élections libres et transparentes théoriquement prévue en 2020” regrettent ces défenseurs de droit de l’homme.

 

Dans l’entre-temps, indiquent ces organisations de la société civile,  “l’espace politique reste verrouillé, les militants des partis de l’opposition sont traqués, arrêtés ou tués, des cadavres sont découverts presque quotidiennement dans les lacs, rivières et forêts burundais, après la destruction et l’incendie des médias indépendants et la radiation des associations de la société civile”.

 

Ces défenseurs des droits de l’homme demandent a l’ambassadeur Moussa Faki mahamat, président  de la Commission de l’Union Africaine de pouvoir  constater l’échec des négociations pilotées par la communauté Est africaine qui vient de durer quatre ans sans produire de résultat.

 

“Nous interpellons l’Union Africaine en collaboration avec les Nations unies de prendre les rênes de ce dialogue pour prévenir que le désespoir ne conduise vers des voies de résolution des conflits non désirées par la société burundaise et qui ne sont plus par ailleurs à l’honneur de nos jours en raison des conséquences fâcheuses qu’elle pourraient engendrer pour le pays et la région” soulignent-ils.

 

Les organisations Signataires sont: Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture(ACAT-Burundi), Association Burundaise pour la Protection des Droits Humains et des Personnes Détenues(APRODH), Association des Journalistes Burundais en Exil( AJBE), Coalition Burundaise pour la CPI (CB-CPI), Coalition burundaise des défenseurs des droits de l’homme( CBBDH).

 

Sur cette liste se trouvent aussi la Coalition de la Société Civile pour le Monitoring Electoral (COSOME), Collectif des Avocats des Victimes des crimes de droit international commis au Burundi (CAVIB), Forum pour la Conscience et le Développement (FOCODE), Forum pour le Renforcement de la Société civile (FORSC), Groupe de Recherche et d’Appui au Développement des Initiatives Démocratiques (GRADIS), Ligue ITEKA, Réseau des Citoyens Probes (RCP), SOS-Torture, Union Burundaise des Journalistes (UBJ).

 

Presque toutes ces organisations sont en exil et la plupart d’entre elles ont été radiées par le gouvernement du Burundi les accusant d’avoir trempé dans “la destabilisation du pays et l’insurrection de 2015”, ce que les concernées rejettent en bloc. Le contentieux est d’ailleurs devant la cour de justice de l’EAC.

 

Cette crise a deja fait près de 400.000 réfugiés burundais essentiellement installés dans les pays de la sous-region dont la Tanzanie, le Rwanda, la RDC, l’Ouganda et le Kenya selon le HCR.

 

La commission indépendante internationale d'enquête de l'ONU parle aussi de milliers de burundais tués, torturés, portés disparus et de viol sur femmes et filles.

 

Toutes fois, le gouvernement du Burundi refute ces allegations et estiment que ces chiffres ne sont que pour ternir l'image du pays.