Jan
17
2020

Burundi : Le président Nkurunziza perd un procès à Paris

Le président burundais Pierre Nkurunziza a de nouveau perdu un procès en diffamation intentré contre la chaine de télévision France3, l’écrivain burundais David Gakunzi et l’avocat Belge Bernard Maingain étaient incriminés pour une interview faite en janvier 2016 sur cette chaine de télévision Française.

 

Le President Nkurunziza les accusait des faits de diffamation et de salir son image quand ils ont intervenu sur la chaine de télévision française en évoquant  de violations graves de droits de l’homme qui, selon eux, se commettent au Burundi.

 

La cour d'appel de Paris a confirmé le jugement de première instance, qui avait débouté en avril le président burundais. Ce dernier, qui réclamait des dommages et intérêts et la publication de la décision.

 

Le tribunal correctionnel avait estimé que les trois premiers passages poursuivis ne visaient pas la personne du président burundais et n'étaient donc pas diffamatoires à son encontre.

 

Les images concernées qui correspondaient à une vidéo fournie par un avocat belge, s'étaient par ailleurs révélées erronées, poussant France 3 à retirer le reportage de son site en invoquant des "erreurs factuelles".

 

Les deux passages suivants avaient été jugés diffamatoires envers le président burundais, mais le tribunal avait toutefois relaxé les prévenus au titre de la bonne foi.

 

Pour David Gakunzi, c’est la victoire des victimes des violations de droit de l’homme au Burundi. “Ailleurs, les juges lisent le droit et rendent justice. Ce n’est pas une victoire de Maingain et David, c’est plutôt la victoire de toutes ces milliers de victimes de violations de droits humains” a-t-il dit.

 

Satisfaction du côté de la société civile et des journalistes pour la CPI

 

Cette décision intervient en pleine campagne sur la sensibilisation des victimes des crimes contre l’humanité qui font object d’enquête de la Cour Pénale Internationale, CPI. Cette campagne de trois mois est menée depuis novembre dernier par la CB-CPI, coalition burundaise pour la CPI, et le RJB-CPI un Réseau des Journalistes Burundais pour la CPI.

 

Pour maitre Lambert Nigarura, président de la CB-CPI, la décision de la cour d’appel de Paris est une victoire pour ces victimes.

 

“Ce n’est pas seulement une victoire pour ces personnalités qui étaient citées à comparaitre, c’est aussi une victoire de toutes ces milliers de victimes de violations de droits humains. C’est aussi un signe évident d’espoir pour ces victimes des crimes commis en toute impunité au Burundi” a-t-il dit.

 

Maitre Bernard Maingain fait partie d’un collectif d’avocats qui ont déjà déposé plus de 2000 dossiers de crime contre l’humanité devant la cour pénal internationale, CPI. D’après ce collectif, les présumés auteurs sont dans les institutions du gouvernement burundais.

 

Maitre Lambert Nigarura, de ce collectif, qui a suivi aussi ce procès devant le tribunal correctionnel de paris, souligne que le Burundi avait l’objectif de discréditer ces avocats et défenseurs des droits humains.

 

“Le premier objectif était de tenter de mettre les bâtons dans les rues afin d’empêcher le collectif d’avocats de poursuivre sa quête d’une justice impartiale et indépendante. Mais aussi de déstabiliser et d’empêcher toutes les personnes qui dénoncent les violations graves qui sont en train de se commettre au Burundi. Il était aussi question de chercher à se blanchir et trouver un prétexte pour dire que les rapports de violations de droits humains  rendus régulièrement sont mensongers” explique maitre Nigarura.

 

Et d’ajouter que la décision de la cour est un ouf d’espoir pour les victimes des crimes commis au Burundi.  “Heureusement qu’ailleurs, sous d’autres cieux, les jugent lisent la loi et disent le droit”, renchérit-il.

 

La présidence burundaise n’a pas encore réagi. Mais, en avril dernier, le conseiller principal chargé de la communication à la présidence, Willy Nyamitwe, avait souligné que ces hommes ont agit sur instigation de l’occident et qu’ils sont du complot contre les instituons du burundaises, ce que nient catégoriquement ces activistes qui disent être victimes de leur travail de défense des droits humains.

 

Le Burundi est en crise depuis que le président Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa candidature à un troisième mandat controversé. Il a été réélu en juillet de la même année.

 

Les violences et la répression qui ont accompagné la crise auraient fait au moins 1.200 morts et déplacé plus de 400.000 personnes entre avril 2015 et mai 2017, selon les estimations de la Cour pénale internationale, qui a ouvert une enquête.

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