avr
27
2020

Burundi : Ouverture de la campagne électorale en pleine crise de Covid-19 et d'intolérance politique

La campagne pour les élections présidentielle, législatives, et communales du 20 mai au Burundi a débuté lundi 27 avril 2020. Cette campagne durera jusqu'au 17 mai, selon un décret présidentiel signé samedi dernier.

 

Sept candidats sont en course pour la présidentielle, dont celui du parti au pouvoir, le Cndd-Fdd, le général Evariste Ndayishimiye, présenté sur les affiches électorales comme "l’héritier" du président Pierre Nkurunziza, en poste depuis 2005.

 

Il a lancé la campagne dans la province de Gitega, la capitale politique du pays, et, la province natale du candidat du parti au pouvoir.

 

Ndayishimiye se réjouit que son parti a choisi des candidats qui vont reformer les choses dans le pays une fois élus depuis la base jusqu’au sommet.

 

Son principal adversaire est le leader historique Agathon Rwasa, du parti Conseil national pour la liberté, CNL. Il a lui aussi préféré lancer la campagne dans sa province natale de Ngozi, au nord du pays, qui se trouve être aussi la localité natale du président sortant Pierre Nkurunziza.

 

Intolérance politique…

 

Le parti CNL, principal challenger du parti au pouvoir, dénonce la recrudescence de l’intolérance politique et le harcèlement de ses militants.

 

“Le parti CNL est plus inquiété par un phénomène nouveau de chasse à l’homme et de traque visant essentiellement ses candidats aux élections à différents niveaux ainsi que les mandataires aux différents bureaux de vote. Visiblement les responsables de ces actes ignobles sont certains responsables du parti au pouvoir et certains administratifs, responsables des services de renseignements et de la police”, a indiqué Térence Manirambona, porte-parole du CNL, dans une conférence de presse tenu quelques jours avant la campagne.

 

Il a également dénoncé ce qu’il qualifie de “réunions d’incitations à la haine et à la violence’’ envers leurs militants qui seraient organisées. D’après lui, des mesures administratives non-fondées restreignent les activités de CNL.

 

Repression…..

 

Dans son rapport sorti ce 27 avril, Human Rights Watch, organisation de défense  des droits de l’homme indique que les autorités burundaises et les membres du parti au pouvoir font recours à la peur et à la répression contre l’opposition politique et les derniers médias et groupes indépendants à l’approche des élections générales dans le pays.

 

L’organisation rappelle que les jeunes Imbonerakure, affiliés au parti présidentiel  “sont capables d’arrêter les gens arbitrairement, les tabasser et parfois ils ont même commis des actes de meurtre” avant d’ajouter que “l’impunité prévaut pour les autorités locales, les forces de sécurité et les membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir, les Imbonerakure”.

 

Des meetings en pleine crise de Covid-19

 

La campagne s'ouvre alors que l'opposition et la société civile accusent le gouvernement de minimiser volontairement la pandémie de Covid-19, pour éviter que la population ne s'interroge sur l'opportunité de maintenir les élections.

 

Les autorités, pour lesquelles le pays est protégé par la “grâce divine”, n'ont prévu pratiquement aucune mesure de protection spécifique pour les rassemblements électoraux. C’est au moment où le Burundi a recensé officiellement 15 cas de nouveau coronavirus, dont un décès.

 

Cette situation inquiète certaines organisations de la société civile comme le mouvement “Tournons La Page-Burundi, TLP-Burundi”.

 

“Même avant l’ouverture de la période de la campagne électorale, certains partis politiques comme des indépendants avaient commencé à sillonner tout le pays, rassemblant par là des milliers de burundais sans aucun aménagement ni des mesures de prévention contre la propagation de la pandémie du covid-19”, dénonce maitre Janvier Bigirimana, coordonateur de TLP-Burundi.

 

D’après TLP-Burundi, en vue de prévenir le pire, “il aurait été plus rationnel de suspendre certains rassemblements publics car leur maintien est une source d’inquiétude face au risque d’une propagation exponentielle du virus au sein de la population”.

 

TLP-Burundi rappelle que dans la pratique, la campagne électorale est un moment de rassemblement par excellence et concerne non seulement des électeurs mais mobilise presque toute la population et plus particulièrement la jeunesse. “Le risque de propagation de la pandémie à un rythme vertigineux est plus que probable lors de cette campagne électorale qui va durer des semaines ainsi que lors d des scrutins”, craint TLP-Burundi.

 

Ce mouvement Tournons La Page-Burundi recommande au Gouvernement du Burundi de revoir son plan de prévention et de riposte contre le covid-19,  et à la population burundaise ainsi qu’aux résidents du Burundi de prendre leurs responsabilités en vue des mesures concrètes d’auto-protection et éviter autant que faire se peut de participer dans des rassemblements publics sauf si cela est indispensable.