aoû
29
2018

CPI: l'accusation détaille les massacres de l'ex-chef de guerre Ntaganda

L'accusation a dressé mardi un tableau épouvantable des exactions présumées commises sous les ordres de l'ancien chef de guerre congolais Bosco Ntaganda en 2002-2003, à l'ouverture devant la Cour pénale internationale de la dernière phase de son procès.

Surnommé "Terminator", Ntaganda doit répondre de 13 crimes de guerre et de cinq crimes contre l'humanité commis en Ituri dans l'est de la République démocratique du Congo, pour lesquels il a plaidé non coupable en septembre 2015. Il est accusé d'avoir commandité des meurtres, pillages et viols commis par ses troupes en 2002-2003.

Les déclarations finales se dérouleront de mardi à jeudi, près de trois ans après l'ouverture du procès devant la CPI qui siège à La Haye, où l'ex-chef de guerre est détenu.

« Beaucoup de gens ont été exécutés à la main, à coups de machette », a déclaré la procureure de la CPI Fatou Bensouda aux trois juges présents.

« Certaines personnes ont été éventrées, même des femmes enceintes", les rebelles "sortaient les fœtus » du ventre des femmes, a-t-elle ajouté, citant un témoignage fait durant le procès.

« Les preuves ont montré, au-delà de tout doute raisonnable que Bosco Ntaganda est vraiment coupable des crimes dont il est accusé », a ajouté la procureure.

Bosco Ntaganda, en costume noir et cravate rayée sur une chemise bleu sombre, a écouté attentivement la procureure et pris des notes, lunettes sur le nez.

Le chef de guerre, aujourd'hui âgé de 44 ans, aurait donné les ordres, planifié et programmé les opérations, coordonné la logistique et fourni les armes.

Selon les ONG, plus de 60.000 personnes ont perdu la vie dans ce conflit.

« Un soldat, pas un criminel »

Ntaganda a joué un rôle central dans la planification des opérations de l'Union des patriotes congolais et de son bras armé, les Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), a affirmé l'accusation mardi.

Selon elle, l'ex-chef de guerre a utilisé des enfants soldats, a fait de soldates des esclaves sexuelles et lancé des attaques contre des civils sur des bases ethniques.

Ntaganda a aussi « personnellement commis des crimes », a affirmé Mme Bensouda.

« Il a persécuté et attaqué des civils, les a assassinés, a pillé leurs biens, détruit leurs églises et leurs hôpitaux », dans une tentative de débarrasser l'Ituri des Lendu et autres habitants n'appartenant pas à l'ethnie Hema, a-t-elle accusé.

Au cours de ces affrontements pour le contrôle de cette zone riche en minerais, Ntaganda est notamment accusé d'avoir mené en novembre 2002 une attaque contre la localité de Mongbwalu, proche d'une mine d'or, qui avait duré six jours et fait 200 morts parmi les villageois.

Durant son procès, Bosco Ntaganda avait tenté de lisser sa réputation de chef de guerre opportuniste et sans pitié, affirmant être « un soldat, pas un criminel ».

L'ex-chef rebelle veut se présenter comme un « être humain », a indiqué à l'AFP son avocat, le Canadien Stéphane Bourgon. « Il est prévu que M. Ntaganda fasse une déclaration non assermentée vers la fin des plaidoiries finales », a précisé Me Bourgon.

Les audiences se tiendront jusqu'à jeudi mais les juges de la CPI pourraient ne pas rendre leur verdict avant des mois, voire des années.

Général dans l'armée congolaise de 2007 à 2012, Ntaganda était le fugitif le plus recherché dans la région des Grands Lacs jusqu'à ce qu'il se rende de manière inopinée en 2013 pour demander son transfèrement à la CPI.

Selon des observateurs, il est probable qu'il craignait pour sa vie sous la menace d'une faction rivale.

Bosco Ntaganda avait fait ses premières armes avec le Front patriotique rwandais (FPR) après avoir vécu dans le Masisi, territoire de la province congolaise du Nord-Kivu où vit une importante communauté rwandophone.

Son jugement sera au cœur de l'attention après l'acquittement surprise par la chambre d'appel de la CPI, en juin, du Congolais Jean-Pierre Bemba, condamné en première instance à 18 ans de prison pour des crimes commis par ses troupes en Centrafrique.

AFP citée par Radio Okapi

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