mar
28
2022

Diplôme de baccalauréat : lauréats et étudiants en médecine vent debout

Les lauréats et les étudiants de la faculté de médecine dénoncent l’octroi du diplôme de baccalauréat en médecine après 6 ans d’étude au lieu de celui de docteur en médecine initialement délivré. Une entorse sur la manière d’adapter le système BMD à ladite faculté, laquelle doit être considérée dans sa spécificité.

Le nombre des concernés sont de trois promotions et sont autour de 260 lauréats. Ils fustigent la confusion entretenue dans l’appellation de leur diplôme. Ils ont décidé de saisir l’autorité rectorale.

« Monsieur le recteur, si le diplôme délivré n’est pas reconnu à l’international, ceci va constituer une barrière à la possibilité d’exercer ou de faire les études de spécialisation médicale au niveau régional et international. L’octroi du diplôme de baccalauréat est contraire à toutes les dispositions en vigueur et nous demandons qu’il nous soit délivré un diplôme de docteur en médecine conforme auxdites dispositions et standards internationaux », lit-on dans la lettre adressée au recteur de l’Université du Burundi le 17 février 2022.

Ces lauréats et étudiants en médecine dénoncent l’injustice. Ils invoquent la loi du 30 décembre 2011 portant réorganisation de l’enseignement supérieur au Burundi qui, en son article 26, stipule : « Les études de médecine et, s’il y a lieu, d’autres études, sont organisées en cycles qui tiennent compte de leur spécificité et en cohérence avec les normes internationales en vigueur. La durée de chaque cycle, le grade auquel il aboutit et l’intitulé des diplômes correspondant sont fixés par décret. »

La loi est sans équivoque

Ces lauréats et étudiants s’appuient sur le décret du 18 mars 2015 portant équivalence administrative entre les diplômes délivrés dans le système BMD (Baccalauréat-Master-Doctorat) et ceux délivrés conformément à la loi du 7 juillet 1999 portant réorganisation du système de collation des grades académiques au Burundi.

Dans son article 7, il est stipulé que : « le diplôme de docteur en Médecine ou équivalent délivré dans le système BMD est administrativement équivalent au diplôme de docteur en Médecine délivré dans l’ancien système ».

Par ailleurs, ajoutent-ils, l’article 25 du règlement académique de l’Université du Burundi en vigueur stipule que « les études de médecine et, si besoin, d’autres études spécialisées, sont organisées en cycles qui tiennent comptent de leur spécificité et en cohérence avec les normes internationales en vigueur».

De ce qui précède, font-ils remarquer, les cycles des études de médecine doivent être organisés de manière différente des cycles BMD d’autres facultés et en référence aux normes internationales.

De son côté, Azarias Nkengurutse, délégué général des étudiants à l’Université du Burundi, fait savoir que le diplôme de docteur en médecine est supérieur au diplôme de master des autres facultés en termes de crédits : « Au Burundi comme à l’internationale, les études médicales comportent trois cycles : le premier cycle est constitué par les 3 années précliniques, le deuxième cycle comporte 3 années cliniques. Le bloc de deux premiers cycles aboutit à être qualifié de médecin qui est nécessairement titulaire d’un diplôme de docteur en médecine. Le troisième cycle dure de 3 ans à 5 ans, selon la spécialisation (D.E.S). Et ce cycle est différent des études de master faites dans d’autres facultés. Et de conclure : « Ceci montre que le diplôme de docteur en médecine est supérieur au diplôme de master des autres facultés en termes de crédits et devrait l’être au point de vue du traitement salarial au Burundi. »

Une dénomination à plusieurs conséquences

« Faisant référence aux crédits, la faculté de médecine fait un bloc complet de 360 crédits aboutissant à un diplôme de docteur en médecine qui est différent d’un diplôme de baccalauréat et est obligatoire pour exercer l’art de guérir comme médecin, métier que l’on ne peut exercer que si on est formé et déclaré docteur en médecine », insistent ces étudiants et les lauréats en médecine.

Selon ces lauréats, les conséquences commencent à se manifester. Pour ceux qui se rendent à l’étranger pour des études de spécialisation, leur diplôme n’est pas reconnu. « J’ai postulé pour une bourse de spécialisation en médecine dans des universités en France. Mais j’ai reçu une notification par e-mail me disant que je n’ai pas terminé mes études », se désole un lauréat de la faculté de médecine à l’Université Espoir d’Afrique.

D’autres ont eu des soucis quand ils sont arrivés au service : « Nous qui avons eu des diplômes de baccalauréat de médecine dans les premiers jours de service, nous avons eu un salaire équivalent à celui des bacheliers.»

Le corps enseignant en médecine apporte son soutien

Les enseignants dans la faculté de médecine ont brisé le silence en apportant leur soutien à ces lauréats. Leur position sur l’appellation du diplôme délivré en médecine a été publiée le 1er mars 2022, soit deux semaines après la correspondance des étudiants.

« Le diplôme de baccalauréat en médecine manque de référence dans la sous-région et de cadre légal au Burundi. Il risque de porter confusion. Le supplément A de ce diplôme proposé pourrait lever cette contusion mais son esprit risque de ne pas être compris de la même manière par ceux qui l’interprètent », ont-ils précisé.

Ces enseignants expliquent que la faculté de médecine a emboîté le pas aux autres dans le système BMD. Elle a proposé une offre de formation s’étendant sur une période de 6 ans (360 crédits). C’est en raison de deux ans pour les sciences fondamentales, trois ans de sciences pré-cliniques et une année pour des sciences cliniques(internship).

D’après eux, les Benchmarks for medecine and destiny programmes proposé par l’Inter-university for East Africa (IUCEA) sont la source d’inspiration pour la construction de leur curriculum de formation. Le diplôme proposé est celui de Medical doctor(MD) ou Bachelor of medecine, Bachelor of Surgery(MBBS).

« L’offre de formation, inspirée des Benchmarks for medecine and destiny programmes de l’Inter-university for East Africa (IUCEA), proposée pour validation par la Commission nationale pour l’enseignement supérieur (Cnes) en juillet, mentionne que le diplôme à délivrer au terme de cette formation est un diplôme de docteur en Médecine », ont-ils conclu.

Iwacu a essayé de contacter le recteur de l’Université du Burundi et les autorités du ministère en charge de l’Enseignement supérieur pour répondre à ces appréhensions, en vain.

https://www.iwacu-burundi.org/diplome-de-baccalaureat-laureats-et-etudia...

Langues: 
Thématiques: 

Partager