mai
15
2021

Environnement – Sindayihebura : « Il faut tout simplement délocaliser les gens de Gatumba »

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Professeur Bernard Sindayihebura, géographe

Depuis ce mercredi 12 mai, des crues de la Rusizi se sont accélérées. Beaucoup d’habitants se trouvent aujourd’hui sans abris. Le Professeur Bernard Sindayihebura, géographe, appelle aux actions concrètes. Rencontre.

Gatumba est de nouveau sous l’eau. Pourquoi ?

Cette situation est liée à la crue ou à la hausse du niveau du lac Tanganyika qui s’observe depuis 2018. C’est là que le lac a dépassé son niveau normal c’est-à-dire 775 m. Et aujourd’hui, je viens de mesurer, le lac se trouve à 776 m 58 cm c’est-à-dire à 1,58 m de plus.

Au niveau de la Rusizi, une grande partie de la plaine est sous l’eau. Parce qu’effectivement, l’eau de la Rusizi ne parvient pas à se jeter dans le lac Tanganyika.

En grande partie, c’est lié à cette période de crue qui s’observe depuis 2018. Nous sommes pendant la période de hausse. Et à mon avis, le cycle va se terminer cette année, pour après diminuer. Cette crue correspond à celle observée entre 61 et 64.

Que faire ?

Les gens de Gatumba en train de vider les lieux à cause des inondations

C’est un problème qui est très délicat. Je pense que le gouvernement est là. La Plateforme nationale pour la prévention et gestion des risques de catastrophes est là. Je pense qu’ils ont commencé à prendre en main cette question. Il faut tout simplement délocaliser cette population. Parce qu’il n’y a aucune autre solution.

Mais, les victimes proposent la construction des digues. Votre commentaire

Oui. C’est la solution à court terme. Tant que cette rivière ne sera pas endiguée ou canalisée, tous ces gens seront toujours vulnérables. Le site de Gatumba est toutes les années sous l’eau suite aux débordements de la Rusizi.

N’y auraient-ils des causes externes du Burundi ?

Exactement. Par exemple, dernièrement avec la reprise des travaux sur la Kiliba, en RDC, la petite Rusizi a été bouchée. Et une grande partie maintenant déversée par la même rivière qui porte son nom Kiliba, se jette dans la grande Rusizi.

C’est ça aussi qui est en partie, à l’origine des inondations. Donc, il y a des travaux qu’il faudra envisager au niveau de la petite Rusizi de curage pour essayer d’acheminer une autre quantité excédentaire dans le lac.

Donc, les solutions sont transfrontalières ?

Oui. Il y a ce qu’on appelle des études d’impact environnemental et social. Lorsqu’il y a des projets de ce genre, c’est ce qu’on appelle une étude transfrontalière. Donc, tous les pays bénéficiaires et qui ont des problèmes devraient se rencontrer pour trouver des solutions aussi ensembles. Mais, ici, pour la rivière Rusizi, si on ne l’endigue pas, les gens de Gatumba n’auront jamais la paix.

https://www.iwacu-burundi.org/environnement-sindayihebura-il-faut-tout-s...

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