oct
08
2017

Gitega : les quartiers populaires irrégulièrement servis par la Regideso

Plusieurs quartiers de la ville de Gitega passent souvent des semaines sans l’eau de la Regideso. Ils utilisent l’eau des marigots qui n’est pas sans danger à leur santé.

Il est 21h, à Magarama à la 1ère avenue. Sur l’un des robinets publics, hommes, femmes et enfants jouent des coudes pour occuper la place la plus proche du robinet. Dans cette lutte, les moins musclés se retirent avec leurs bidons de cette masse compacte.

« Je vais attendre que ces gaillards terminent. Si j’ai de la chance, je pourrais avoir 1 bidon », se plaint une maman avec un bébé sur le dos.

Pour cette dame, trouver de l’eau est périlleux dans les quartiers populaires. Elle indique que chez elle, le robinet est à sec depuis une semaine.

« Parfois je me demande pourquoi j’ai gaspillé mon argent pour avoir tout ce matériel de la Regideso chez moi alors que les robinets sont toujours à sec. »

La plupart de gens des quartiers Magarama, Nyabututsi, Yoba Nyamugari, Karera sont frustrés par ce manque d’eau potable de la Regideso. Ils sont obligés de veiller toutes les nuits pour ne pas manquer son arrivée.

« Je laisse le robinet ouvert toute la nuit espérant que l’eau viendra mais voilà deux semaines qu’aucune goutte ne sorte », se plaint Charles un domestique de Yoba. Cette habitude d’attendre en vain ce liquide précieux pendant les heures avancées de la nuit est devenue classique dans presque tous les quartiers populaires.

« La dernière fois que nous l’avions eue, il y a deux semaines, elle est arrivée à 3 heures du matin pour repartir quelques minutes après », déclare Hidaya. Tandis que certains veillent impatiemment chez eux, d’autres bravent la nuit dans l’obscurité pour aller faire la queue devant les robinets publics. Face à cette situation, les habitants de Yoba, Magarama et consort particulièrement les femmes et les enfants parcourent de longues distances à la recherche de cette denrée dans des quartiers comme Musinzira, Shatanya et CENAR.

« D’autres par contre recourent aux eaux des marigots et ruisseaux environnants avec le risque des épidémies », a fait remarquer un habitant. Abandonnée à son sort, la population s’organise. Si hier, cette besogne était réservée aux femmes et aux enfants, aujourd’hui, même les chefs de famille s’emmêlent. Ceux qui possèdent les véhicules de service font des navettes pour ramener l’eau à leurs domiciles pour se tirer d’embarras.

« Parfois l’eau n’arrive que la nuit si vous ne vous réveillez pas à temps, vous la manquez. Et le matin, tu partageras la ration en deux ; un bidon de 20 litres coûte 500 Fbu chez les revendeurs qui l’amènent des autres quartiers », déplore Fidèle, un abonné de la Regideso.

Certains quartiers seraient plus privilégiés que les autres

Ces coupures intempestives d’eau potable dans les quartiers populaires perdurent depuis plus de 5 ans. Très peuplé et mal construit, l’eau de la Regideso n’arrive pas partout. Le seul recours était les robinets publics. Cette situation de pénurie d’eau dans les quartiers populaires apparaît comme un paradoxe puisque les autres quartiers chics de la ville de Gitega ont de l’eau en abondance et toute l’année. Selon un responsable de la Regideso à Gitega, la coupure est liée aux trois pompes qui sont tombées en panne.

« Avec la saison sèche qui se prolonge, nous avons du mal à approvisionner tous les quartiers alors que certains de nos matériels sont pour l’instant en panne », a-t-il déclaré.

Tout en rejetant les allégations de cette population, il a fait savoir que la Regideso fait tout son possible pour satisfaire ses clients.

« Nous avons déjà instauré un système de rotation des quartiers. Aucun quartier ne peut être servi régulièrement. Chaque quartier doit avoir de l’eau au moins trois fois par semaine .»

iwacu-burundi.org

 

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