fév
02
2016

Grand entretien. Jean-Léonard Touadi : « L’Italie suit de près les Grands Lacs en privilégiant une approche multilatérale »

Milan (Italie) - « Si l’Afrique était un pistolet, sa gâchette serait le Congo ». Parfois de vieilles formules semblent toujours d’actualité. C’est en tout cas ce que pense Jean-Léonard Touadi, journaliste originaire du Congo-Brazzaville et député italien, lorsqu’il paraphrase Frantz Fanon dans le regard qu’il porte sur la région des Grands Lacs et la situation politique tendue qui agite la République Démocratique du Congo.

En Italie, Touadi est considéré comme un des plus fins connaisseurs du continent africain. Depuis son arrivée dans la péninsule italienne en 1979, il a été tour à tour enseignant de philosophie, journaliste (à la RAI et au magazine Nigrizia), puis homme politique en débutant sa carrière comme adjoint de l’ancien maire de Rome, Walter Veltroni, pour ensuite devenir député en 2008. La distance qui le sépare de sa terre natale n’atténue en rien son sens de l’observation et de l’analyse de l’actualité panafricaine, et tout particulièrement celle des Grands Lacs. « Tout le monde reconnait l’importance stratégique de cette région. Si une crise éclate dans un pays avec les dimensions de la RDC et dans des territoires sensibles comme le Burundi et le Rwanda, c’est toute l’Afrique qui est menacée et nous aurions tort de limiter géographiquement l’impact des crises en cours à cette seule région ».

Dans cet entretien accordé à IGL à l’occasion d’une tournée qu’a entamée hier le Premier ministre italien, Matteo Renzi, au Nigeria, Ghana et Sénégal (1-3 février) – sa troisième tournée africaine en moins de deux ans – Jean-Léonard Touadi détaille le regain d’intérêt de l’Italie vis-à-vis de l’Afrique, et le role que ce pays peut assumer dans les Grands Lacs. Touadi admet que « cette région n’est pas prioritaire pour l’Italie, mais cela ne veut pas dire que Rome l’ignore. La situation actuelle est suivie de près, mais sous une autre forme, par voie multilatérale plutôt qu’au niveau bilatéral ». Pour Touadi, « il est nécessaire de trouver une solution politique aux crises actuelles, et que cette solution passe par une concertation régionale et continentale, avec l’appui de l’Union Européenne et d’autres membres de la Communauté internationale ».

Propos recueillis par Joshua Massarenti pour Infos Grands Lacs, en collaboration avec VITA/Afronline (Italie).

 

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00:15:00

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