avr
01
2015

Ils manient mieux la kalachnikov que le stylo

Il s’agit du sujet quotidien des médias : la distribution d’armes qui se déroulerait partout dans le pays au sein de la jeunesse du parti présidentiel, les Imbonerakure. Ici mon coup de gueule ou plutôt mon cri de cœur pour tenter de sauver ce qui peut encore l’être.

Vous seriez encore en train de réceptionner un « don » d’armes et de munitions, ai-je entendu dire. Se pourrait-il que vous maniiez désormais mieux la kalachnikov que le stylo ? Bravo ! Vous seriez en train de devenir une élite de bons tireurs, des snippers à précision chirurgicale, des flingueurs. Super ! Sont-ils rares ici ?

Vous savez quoi ? Quand mon âme rumine, quand certaines images me reviennent à l’esprit, je n’ai pas de mot pour décrire mes ressentiments. Comme vous semblez avoir la mémoire courte, laissez-moi vous rappeler Cibitoke. La photo de ce jeune sauvagement ligoté, puis inhumainement exécuté me revient toujours en tête. Ma petite cervelle n’arrête pas de m’évoquer les noms de mes congénères sacrifiés sur l’autel des intérêts hautement personnels, qui ne sont et qui ne seront jamais les leurs. Je suis écœuré, scié. Mon âme est dans le désarroi total.
Commémorations

Vous célébrez ce jour – « les marches pour la paix » – où des jeunes comme vous se sont faits exploser la tête. Qui étaient-ils ? Qui les avaient embarqués ?

C’est nous, ou plutôt moi qui suis lâche. J’ai vite classé l’affaire. Le dossier est vite passé à la trappe. J’aurais dû demander des comptes à celui qui est payé, nourri par nos impôts pour nous éclairer. Et lui, insoucieux, il a fait le con. Et puis les scandales se sont pourchassés les uns les autres. Et c’est fini.

Non ! Rien n’est fini. Les mêmes causes produisent les mêmes effets, n’est-ce pas ? Déchirez-vous, coupez-vous les têtes. Mais une chose reste certaine : votre maître continue à se la couler douce, il trinque, se tourne les pouces dans les hauteurs de Bujumbura. Tranquille. Insensible. Sarcastique. En attendant bien-sûr son tour, l’heure des comptes, le temps de comparaître un jour à Bujumbura ou même à La Haye. Pourquoi pas ?

Aux sceptiques, les exemples ne manquent pas.

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