mar
08
2017

Journée Internationale des droits de la femme: l’égalité entre les époux pauvres est impossible…

Les familles pauvres dans le district administratif de Karongi, ouest, rejettent de loin, la possibilité d’égalité entre les conjoints pauvres. Selon elles, ce phénomène n’est possible que pour les foyers riches, car les deux époux, chacun a ses propres affaires qui ne mettent pas en cause les intérêts de l’autre, contrairement aux  pauvres qui peuvent se disputer  mêmes les moindres choses…

C’est en tout cas le point de vue  partagé entre les hommes et femmes dans le district administratif de Karongi à l’ouest du Rwanda. Ils sont unanimes à dire que l’égalité entre les conjoints n’est possible  que pour les familles riches, car disent-ils, "La pauvreté est toujours au centre des disputes entre les conjoint : ils se disputent n’importe quoi, chacun s’attribuant  raison  et renvoyant le tort à l’autre. Dans cette situation, la femme se voit victime et le mari aussi, ce qui paralyse l’acceptation du concept genre dans les familles", explique  Éduard Munyantarama enseignant. Il est appuyé par un groupe de femmes dont Marie Mutezinka de la localité de Rubengera.

Pour Mme Drocella Mukashema, Vice Maire du District de Karongi chargée des Affaires Sociales, "Il y a lieu de croire que la pauvreté s’oppose à la politique du genre dans le strict contexte culturel où l’on y trouve une expression qui stipule que "Ceux qui se partagent peu, s’attribuent mutuellement la gourmandise", autrement dit, insiste-t-elle, "La pauvreté engendre plusieurs maux, mais dans le cas précis du concept genre, le défi relève dans la conception même du "genre"  par la population et à plus forte raison, dans les mentalités".

Camile Rutayisire, quinquagénaire du secteur administratif de Mubuga ajoute que les problèmes  des foyers pauvres sont persistants dans les familles, car ils ne sont jamais  été résolus, vu l’incapacité financière des conjoints. "A la longue, le mari et sa femme perdent espoir et par conséquent, la rébellion naît automatiquement. Quant aux familles riches, tout problème financier a une solution, ce qui explique en quelque sorte la cohabitation pacifique et le respect mutuel entre les conjoints", cerne-t-il.

Causes du rejet du concept "genre"

Les hommes et les femmes du secteur administratif de Mubuga  dressnt une liste des faits qui justifient  pourquoi le concept "genre" n’est pas accepté. En premier lieu, ils évoquent le problème de pauvreté qui engendre plusieurs conséquences fâcheuses dans les  familles. "Les maris réclament que leurs épouses leur demande de trop alors qu’elles savent leur état financier", montre Yvette Maniriho, 35 ans, dont le mari réfute l’égalité à sa femme dans tous les cas de droit civil. En deuxième lieu, les hommes montrent que la politique du genre attribue plusieurs pouvoirs à femme au détriment de l’homme. "La nouvelle loi régissant les personnes et la famille dispose de plusieurs articles qui ôtent au mari les pouvoirs", montrent Madeleine Munezero qui sollicite une large campagne de cette loi en vue de lève l’équivoque qui en découle. En troisième lieu,  les femmes issues des familles riches se montrent de fois, moins collaboratrices envers leurs maris. En effet, elles les malmènent pour n’avoir pas atteint la richesse escomptée. "Ces femmes nous sont insolentes…", témoigne Pascal Mutijima dont la femme a abandonné le foyer, il y a trois mois.

NTD, agent de l’Etat dans le secteur de Rubengera, est convaincu que l’égalité des époux se voit dans le contexte des droits, sinon la nature ne le permet pas. "En aucun cas l’homme remplacera la femme, ni la femme remplacer l’homme, c’est plutôt en matière de droit qu’ils sont tous les deux égaux", dit-il en montrant un des défis du concept "genre" aussi bien dans la communauté des intellectuels que  celle paysanne.

Safari Byuma

 

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