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21
2018

Journée Internationale Nelson Mandela, Quid de la situation carcérale au Burundi?

Les conditions carcérales des prisonniers burundais ne répondent pas à juste titre au principe de dignité humaine suite à la surpopulation carcérale, du budget précaire et à l’insuffisance du personnel pénitentiaire. Le manque de programme de resocialisation pose un défi de réinsertion dans la société une fois libérés. Le CICR plaide pour que les personnes privées de liberté puissent jouir de tous leurs droits. Gervais Hajayandi, Directeur Général des Affaires Pénitentiaires et Nazim Ayidat, Coordinateur protection au CICR  l’ont exprimé lundi le 16 juillet 2018 lors  d’une conférence de presse.

Le 11 juillet de cette année, nous avions dans nos 11 prisons 9.901 détenus dont 5.681 étaient des détenus-prévenus et 4.121 étaient déjà condamnés. Sur cette population carcérale 548 sont des femmes, 121 sont des mineurs hébergés dans les deux centres de l’éducation en conflit avec la loi  situés à Rumonge et à Ruyigi », a indiqué Gervais Hajayandi, Directeur Général des Affaires Pénitentiaires (DGAP). Il a ajouté qu’à côté de ces deux centres des moins de 18 ans, la prison pour femme de Ngozi dispose d’un quartier spécial pour les filles mineures. Selon lui, la prison de Mpimba contient à elle seule plus d’un tiers de la population carcérale  c’est-à-dire environ 3500 détenus.

Une surpopulation carcérale qui handicape le bon déroulement des activités

La situation carcérale avoisine 230% de la capacité d’accueil des différentes prisons du pays.  Cette situation engendre des conséquences néfastes dont le problème de déplacement des détenus pour leur comparution dans divers cours et tribunaux. M.Hajayandi parle aussi du problème de l’alimentation, de l’aération, de l’hygiène, de l’alliterie et de budget. On devrait séparer certaines catégories de personnes, à savoir les enfants, les jeunes, les femmes et les hommes. Ce qui influe sur l’exiguïté des espaces de dortoir. Ainsi, il devient difficile d’assurer les bonnes conditions d’hygiène ; d’où commence à apparaitre les poux, les punaises, les maladies respiratoires, etc. Suite à cette situation carcérale, il devient difficile d’effectuer cette opération. Un autre défi évoqué c’est la vieillesse des maisons de détentions non adaptées à accueillir la population carcérale à voir le contexte d’aujourd’hui.

Défis liés à l’insuffisance du personnel pénitentiaire

« A  la direction générale des affaires pénitentiaires, nous sommes 240 personnes, y compris la direction générale. Au niveau central, c’est à peu près 40. Les 200 autres sont répartis dans les 11 prisons. Les 200 doivent organiser 9901 détenus. Il y a inadéquation entre le personnel que nous avons et le volume du travail », précise le DGAP. Il explique que ce personnel est réparti dans d’autres services comme les services juridiques qui doivent aussi s’occuper du suivi des dossiers des détenus et des services logistiques. Ils sont également répartis dans les sous services. Dans les prisons, il y a des services qui ont deux agents. On parlerait à titre illustratif le service social de la prison de Gitega qui compte deux agents. Ceux-ci doivent s’occuper de 1000 détenus. A La prison de Mpimba, 4 agents doivent s’occuper de 3500 détenus sur le plan social.

Problème de réinsertion sociale des détenus

M.Hajayandi informe que quand une personne est détenue, il ne faut pas qu’il reste là et attende qu’il purge sa peine.  Aujourd’hui, indique t-il,  il y a évolution de la philosophie de l’emprisonnement où « si quelqu’un est détenu, il faut essayer de le préparer, de le rééduquer et changer son comportement quitte à ce qu’à la sortie de la prison il devienne quelqu’un de très utile à la société. C’est la préparation à la réinsertion post-détention. Mais avec le personnel qui est limité, mais aussi le budget, cela devient difficile d’organiser, s’inquiète Hajayandi avant d’ajouter qu’il n’y a même pas un programme qui est bien étudié pour réinsérer les détenus. Si on avait ce programme, on pourrait réduire le taux de récidives parce que si quelqu’un a appris un métier en prison, il aura de quoi faire dans la société. Sinon, il va commettre la même infraction et retourner en prison un mois après. « Nous le constatons souvent quand il y a des mesures de grâce présidentielle qui sont mises en exécution. Il y a des prisonniers qui sont libérées (2000 ou 3000). Faute de programme de préparation à la réinsertion des détenus, quelques mois après, le nombre de détenus continue à augmenter », déplore le DGAP. Pour les mineurs qui sortent des prisons et qui passent par des centres de formation professionnelle. Ils ne retournent pas en prison en grand nombre, car le risque de récidive est moindre chez-eux.

Promouvoir le droit des détenus

Nazim Ayidat, Coordinateur protection au CICR informe que le CICR veut promouvoir la considération des détenus comme des citoyens qui ont des droits. Ainsi, cette organisation humanitaire voudrait célébrer la Journée Internationale Nelson Mandela sous trois objectifs principaux,  à savoir : promouvoir les conditions humaines de détention, sensibiliser l’opinion nationale et les responsables qui sont chargés de la détention sur le fait que les détenus continuent de faire partie de la société  et valoriser le travail des autorités pénitentielles parce que c’est un travail social.

Selon lui, cette année le CICR a l’occasion d’institutionnaliser l’héritage de Nelson Mandela, de sensibiliser l’opinion, les preneurs de décision et toutes les personnes de bonne volonté pour mettre les droits des détenus au centre des préoccupations et ne pas oublier le coût économique, social et familial de la privation de liberté. « La prison ne doit pas être une punition et la peine est une sanction », a-t-il rappelé. Il explique que la prison sert à réhabiliter, à resocialiser, à rendre les individus plus meilleurs qu’ils n’y sont entrés.

burundi-eco.com

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