mai
31
2018

La longue marche de Louise Mushikiwabo

La ministre rwandaise des Affaires étrangères a rarement été sur la même longueur d’onde que les dirigeants français. Elle va pourtant briguer avec leur soutien le secrétariat général de la Francophonie.

Le 22 mai, c’est dans un avion reliant Buenos Aires à Paris qu’elle a fêté son 57ème  anniversaire. Le lendemain, à l’Élysée, elle a reçu son cadeau : la promesse d’un nouveau « job », après une quasi-décennie au ministère rwandais des Affaires étrangères – fonction qu’elle cumule avec celle de porte-parole du gouvernement. Ce jour-là, Louise Mushikiwabo a entendu de la bouche d’Emmanuel Macron, après un hommage appuyé à ses « compétences », que la France soutiendrait sa candidature au secrétariat général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF).

Après les quinze jours de suspense qui ont suivi la révélation de ce scénario dans Jeune Afrique, l’affaire est donc entendue : malgré les ruptures, les phrases au vitriol et autres flèches qui empoisonnent depuis 1994 les relations entre leurs deux pays, les présidents Paul Kagame et Emmanuel Macron viennent d’officialiser un armistice improbable dans la guerre froide fronco-rwaandaise.

Confiante

« L’OIF a besoin d’un face lift », explique cette polyglotte assumée

« Je suis désormais en campagne », confirme à JA Louise Mushikiwabo, manifestement confiante dans sa capacité à rassembler derrière sa candidature les pays africains membres de l’OIF. Sa priorité ? « Cette organisation a besoin d’un face lift », répond d’entrée cette polyglotte assumée, selon qui « la Francophonie doit s’inscrire dans un cadre multilingue ». « L’OIF est l’un des groupes de lobbying entre États où se discutent les enjeux de politique internationale », précise-t-elle.

Professeure d’anglais

Entre la préfecture de Kigali, où elle a grandi, et Erevan, en Arménie, où se tiendra, en octobre, le prochain sommet de l’organisation, que de chemin parcouru ! Louise Mushikiwabo est parvenue à surmonter tous les obstacles, tous les drames imposés aux Rwandais de sa génération. Née en 1961, au moment où le pays bascule dans les pogroms et met en place un apartheid larvé à l’encontre des Tutsis, elle est la cadette d’une famille de neuf enfants. « Dans cette période difficile, sa naissance a été vécue par la famille comme une bénédiction », se souvient Anne-Marie Kantengwa, sa sœur aînée.

Propriétaire terrien, son père est « un pionnier de la plantation du café ». Il décédera alors qu’elle n’a que 11 ans. Après son bac, la jeune Louise devient brièvement professeure d’anglais au Rwanda, puis obtient une bourse et part se perfectionner aux États-Unis. Son exil lui vaudra d’avoir la vie sauve. Car lorsque le pays bascule dans le génocide, aux premières heures du 7 avril 1994, son frère Landoald Ndasingwa (dit Lando), le leader du Parti libéral, sera l’une des premières personnalités assassinées, avec son épouse, canadienne, et leurs deux enfants. Dans sa famille, les victimes seront légion.

jeuneafrique.com

 

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