oct
16
2019

La police burundaise autorisée à entrer dans les camps situés en Tanzanie

Les réfugiés burundais en Tanzanie craignent pour leur sécurité après un accord de coopération conclu entre les polices tanzanienne et burundaise. Cet accord permet que les éléments de la police burundaise entrent jusque dans les camps en Tanzanie pour rechercher les malfaiteurs.

Cet accord a été  signé samedi dernier le 12 octobre dans la ville de Kigoma, une région frontalière avec le Burundi. Il permettra  aux agents de la police de ces deux pays de travailler main dans la main pour traquer les fauteurs de troubles sur les frontières communes.

Selon les termes de cet accord, “les polices  pourraient, si besoin, traverser aussi les frontières pour traquer les malfaiteurs et mener des opérations qui seront conjointement coordonnées, partout où ces gens se seraient retranchés, même dans les camps de réfugiés”.

L’accord a été signé par les inspecteurs généraux des polices des deux pays. Il s’agit successivement de  Simon Siro, pour la police tanzanienne et Melchiade Ruceke pour celle du Burundi.

Leurs objectifs, selon Simon Siro, est de réduire la criminalité observée dans certaines provinces frontalières avec le Burundi.

“Nous avons signé un accord qui nous permettra de mener des opérations conjointes, d’échanger des malfaiteurs mais aussi des informations s’il le faut. Vous êtes tous témoins que les provinces de Kigoma, Kagera et quelques fois de Geita sont des fiefs des bandits. Nous sommes déterminés à mettre fin au banditisme qui règne dans cette partie du pays,” a dit à la presse Simon Siro.

Ce haut gradé de la police tanzanienne demande la collaboration des Tanzaniens dans ces  opérations conjointes avec la police burundaise.

Et les camps de réfugiés ont été pointés du doigt comme constituant une sorte d’abris pour ces malfaiteurs.

“Il y a des réfugiés qui collaborent avec des citoyens tanzaniens pour perturber la paix au Burundi ou ici en Tanzanie. S’ils aiment vraiment leurs familles, qu’ils se convertissent en citoyens paisibles. Sinon, nous les contraindrons à le faire, et ils pourront même y laisser leur vie. Comme l’a bien dit notre président, on en a assez,” a menacé l’inspecteur général de la police tanzanienne.

Les réfugiés burundais se disent inquiets pour leur sécurité.

“La signature de cet accord ne présage rien de bon pour nous réfugiés qui sommes dans différents camps. Nous craignons que les policiers burundais  en profitent pour pénétrer à leur guise à l’intérieur des camps et procéder à des tueries, à des arrestations et des enlèvements,” font savoir des Burundais.

D’autres craignent une ouverture pour perturber les camps.

“Le gouvernement tanzanien vient d’ouvrir les portes aux policiers et aux Imbonerakure que nous avons fui. C’est en fait la traque de tout opposant qui va continuer. Ils viendront nous arrêter pour nous  accuser de tous les maux” expliquent-ils.

Ces Burundais estiment que cet accord est tout simplement l’officialisation du partenariat déjà existant.

“Avant l’accord, plusieurs agents des renseignements burundais ou alors des policiers déguisés s’infiltraient très souvent dans les camps. La police burundaise pourra franchir les frontières sans aucun problème pour cibler tel réfugié recherché par le pouvoir du Burundi,” laissent entendre certains réfugiés du camp de Nyarugusu.

La coalition des organisations burundaises de défense des droits humains a dernièrement demandé au HCR et à la communauté de l’Afrique de l’Est de suivre de près la sécurité des réfugiés burundais se trouvant en Tanzanie.

 

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