mai
03
2018

Le Burundi veut en découdre avec la mendicité

Le ministère de l’Intérieur de la Formation Patriotique et du Développement Local a pris la mesure d’interdire la mendicité sur tout le territoire national. Toutefois, les mendiants décrient la mesure.

Le communiqué cosigné ministère de l’intérieur, celui  de la Sécurité Publique et celui du ministère de la Solidarité ordonne aux enfants de la rue, aux adultes et aux personnes vivant avec un handicap en situation de mendicité dans la ville de Bujumbura et  dans d’autres centres urbains  de regagner leurs ménages respectifs faute de quoi ceux qui résisteront  se verront imposés des mesures contraignantes.

Le communiqué précise que cet ultimatum est publié sur base de la loi  du 27 décembre  2017 portant révision du code pénal. L’article 526 de ce code  stipule : «  Toute personne valide qui exploite la charité comme mendiant  de profession ou celle qui, par fainéantise, ivrognerie ou dérèglement de mœurs vit en état habituel de mendicité est punie de quatorze jours à deux mois de servitude pénale et d’une amende de 5 à 10 mille FBu ou d’une de ces peines seulement »

Les récalcitrants qui continueront à tendre la main aux passants au lieu de s’atteler aux travaux d’auto-développement subiront la rigueur de la loi sans aucune pitié », avertit le communiqué.

Pour leur part, les gouverneurs de provinces, le maire de la ville de Bujumbura, les administrateurs communaux et les chefs de collines sont appelés à bien préparer la réinsertion socio-économique de ces catégories de gens dans leurs familles d’origine.

Les mendiants  décrient la mesure

« Ils sont en train de nous chasser sans nous donner ne fut-ce qu’un peu d’argent pour exercer un petit commerce. Qu’ils sachent que nous reviendrons dans la rue. S’ils nous emprisonnent, tant pis pour eux », lance  sur un ton colérique  une veuve croisée dans une rue en mairie de Bujumbura  en train de tendre la main aux passants.

Un mendiant dont la jambe droite est amputée et qui a requis l’anonymat déclare furieusement qu’il y a des femmes qui n’ont aucune infirmité, mais qui préfèrent venir avec leurs enfants au centre-ville pour mendier. Il ajoute que ceux qui n’en ont pas les louent et partagent la somme récoltée avec leurs parents. Il se lamente du fait que la municipalité de Bujumbura a interdit le commerce ambulant au centre-ville alors que parmi ces commerçants figurent des personnes en situation d’handicap .Et de se demander ce que la municipalité de Bujumbura veut qu’ils soient  avant d’ajouter qu’ils vont mourir de faim. Il demande au gouvernement de leur trouver une alternative.

Une question délicate

David Ninganza,  secrétaire permanent de l’ONG Solidarité de la Jeunesse Chrétienne pour la Paix et  l’Enfance au Burundi (SOJEPAE)  trouve qu’au lieu que l’administration s’attaque aux conséquences, il faut plutôt  qu’elle s’attaque aux causes. Il indique que les gens sont dans la rue pour différentes raisons dont l’état de vulnérabilité ou  d’exclusion. Il reconnait que la question des gens de la rue est une question délicate qu’il faut traiter minutieusement. Pour ce défenseur des droits de l’enfant,  Il ne faut pas que des mesures soient prises promptement. Sur ce, il demande  que l’administration à la base et  les parents travaillent  de concert pour une réinsertion socioprofessionnelle efficace et effective.

« Désormais ce ne sera plus comme avant »

Felix Ngendabanyikwa, secrétaire permanent au ministère de la Solidarité tranquillise : « Toutes les conditions sont réunies pour que les mendiants quittent la rue. Désormais ce ne sera plus comme avant ». Il indique que quiconque considère  la rue comme une source de vie sera  envoyée dans sa province natale. Il ajoute que l’administration et les parents sont sensibilisés pour assurer leur réinsertion. De surcroît, conclut-il,  personne ne regagnera la rue.

Il ajoute que chaque province a  reçu deux tonnes de riz de la part du ministère de la Solidarité en vue d’appuyer les familles d’accueil.

Les vieilles femmes et les vieux seront aussi renvoyés dans leurs familles respectives. Ceux qui n’auront pas de familles d’accueil  seront hébergés dans les centres d’hébergement des personnes âgées, fait savoir Ngendabanyikwa.

Rappelons que les mendiants sont constitués de borgnes, de manchots, d’aveugles, de muets, de sourds ou de sourds-muets, de boiteux et de vieillards. Bref des personnes en situation d’handicap. Ceux-ci sont des enfants, des hommes et des femmes. Ils se déplacent à pied, roulent dans des tricycles ou boitent sur leurs béquilles. Ils se retrouvent dans divers endroits du centre-ville. Après y être chassés, ils ont changé de tactique en mendiant en cachette. Ils chuchotent au passant   d’une voix douce « aide-moi »

burundi-eco.com

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