sep
04
2021

« Le manque de carburant, une équation à plusieurs inconnus »

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Une station-service à sec

Bujumbura se heurte depuis la fin du mois de juillet à un grand un manque reculent de carburant, ce qui cause d’énormes pertes pour les transporteurs avec ses corollaires sur l’économie. Selon un analyste interrogé, plusieurs problèmes dont le manque de devises seraient derrière ce problème.

« Il n’y a pas de carburant ici, allez chercher ailleurs ». Voici la réponse en passe de devenir banale, donnée aux les automobilistes en quête de carburant sur pas mal de stations-services à Bujumbura.

Sur plus d’une dizaine de stations-services visitées, le manque de carburant est flagrant. Les différents pompistes approchés ne cachent pas leur colère et ne machent pas les mots.

« Il faut que nos autorités disent la vérité. Le mois dernier, le ministère de l’Hydraulique, de l’Énergie et des Mines a promis de remédier au problème de défaillances dans la distribution qui s’observent dans l’octroi du carburant. Jusqu’à présent, rien n’a changé », martèle un pompiste de la station-service Kobil rencontré dans la zone Rohero.

Il affirme craindre de perdre son emploi. « Je viens de passer plus d’une semaine sans mazout ni essence. Vous entendez bien que mon patron peut me chasser d’un jour ou l’autre », fait-il savoir.

Sur la station-service New Oil Company située sur la chaussée Prince Louis Rwagasore, un pompiste affirme qu’il ne donne de l’essence qu’aux abonnés. « Suite à l’insuffisance actuelle de carburant, mon patron m’a ordonné de donner uniquement l’essence ou le mazout à ses abonnés », confie-t-il.
Comme en témoignent les pompistes interrogés, les stations-services de Kobil et Top One Company desservent, elles aussi, du carburant uniquement à leurs abonnés.

Sur la station-service Kigobe City Oil, on dessert à tout chauffeur le carburant. « Lorsque nous avons de l’essence ou du mazout, nous le distribuons à tout chauffeur sans distinction aucune », fait-il savoir.
Ils indiquent qu’ils éprouvent un problème d’approvisionnement, la quantité demandée est ces derniers jours en dessous de celle demandée. « Notre fournisseur ne nous donne pas la quantité suffisante en carburant comme avant lors de l’approvisionnement. Il nous donne 5 mille litres contre une commande de 20 mille litres », indique-t-il.

Un chauffeur de taxi rencontré en zone Bwiza affirment vivre le calvaire. «Je peux passer sur cinq stations-services à la recherche du carburant, sans pour autant en trouver la moindre goutte », raconte-t-il .

Un gérant d’une station approché affirme qu’un pays a besoin du carburant pour se développer. « C’est comme si nos dirigeants ne faisaient aucun effort pour résoudre ce problème de manque de carburant », insiste-t-il.
Selon lui, ce serait utopique de parler de développement. « Le manque de carburant a un impact direct sur l’économie du pays. Comment un pays peut-il se développer sans mobilité des marchandises et des personnes ? »

Le manque de devise en est-il la cause ?

Selon lui, le manque de carburant est peut-être dû au manque de devises. « Même si je n’en suis pas sûr, il faut se mettre à l’évidence que le manque de devises est à l’origine de ce manque de carburant », raconte-t-il.

Selon les pompistes et les chauffeurs interrogés le manque de carburant est un problème tentaculaire. « C ’est une équation à plusieurs inconnues. Si ce n’est le cas, l’Etat aurait déjà pu le résoudre », disent-ils ?

Rappelons que le 19 août, dans un point de presse, le ministère de l’Hydraulique, de l’Énergie et des Mines, en commun accord avec les importateurs, avait pourtant promis de ravitailler les stations-services en carburant dès ce même jour. « Cela reste en paroles jusqu’à présent », selon les gérants de stations-services interrogés.
https://www.iwacu-burundi.org/le-manque-de-carburant-une-equation-a-plus...

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