nov
04
2015

Les braséros made in Gitega économisent-ils l’énergie ?

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Les machines avec les braseros dans l’atelier / Photo Jean Noel Maniirakiza

Fabriqués au quartier Yoba avec de l’argile et des tôles, ces braséros (imbabura en kirundi) se vendent comme des petits pains dans tout le pays. Pour les ménages, ils utilisent moins de charbon à bois et pour l’administration, ils répondent aux défis  environnementaux.

Le braséro de Yoba  est un récipient de métal, il est doté d’un trou à l’arrière pour l’évacuation de la cendre.  Il intègre en son sein  une sorte de moule en argile à y mettre le charbon et garder la chaleur très longtemps. L’idée de fabriquer ce brasero serait venue d’une seule famille sans cursus scolaire mais  qui cherchait à mener sa vie honnêtement.  Travaillant en groupe de 5 à 10 personnes, ces artisans de Yoba  perfectionnent du jour au jour leurs produits. Dans leur atelier, ils n’ont plus besoins de burins et des marteaux à couper les métaux à la longueur de la journée, ils possèdent aujourd’hui des machines modernes  qui demandent moins d’effort  pour ce genre de travail.

 «Je n’ai pas étudié et j’étais pauvre », confie François qui se souvient encore des difficultés qu’il avait dans sa famille. « Lorsque, raconte-t-il, j’étais encore jeunes je me demandais quel métier dois-je apprendre pour vivre honnêtement.»  Il dit avoir appris ce métier par un congolais qui habitait près de chez lui. Et de préciser que : "Depuis, mes frères, mes amis et les voisins  ont pris goût à ce travail et sont devenus des véritables artisans et gagnent bien leur vie ». Et un autre d’ajouter,

« Nous travaillons beaucoup plus et bien sans fournir beaucoup d’énergie. Le problème actuel est la disponibilité des matériaux qui coûtent cher et surtout le capital pour satisfaire nos clients », souligne Nyoni le frère de François.

Plus économes mais chers

Selon les ménages utilisateurs, un seul brasero coûte autour de 5OOO à 10000fbu. Mais, la quantité du charbon  à utiliser est minime ainsi que le temps de cuisson des aliments qui est plus rapide qu’avec les braseros traditionnels. Toujours selon les ménages, une famille de 5 personnes dépense 500fbu par jour dans le charbon alors qu’avec les anciens braséros, elle pouvait dépenser  plus de 1000fbu pour  la journée. Bien préservés, ces braseros améliorés peuvent durer un an ou plus.

« Même s’ils sont chers, j’utilise moins de charbon. Je constate aujourd’hui qu’ils sont économes  », souligne madame Gertrude.  Pas d’objection chez les domestiques.

« Avant mes patrons m’accusaient de gaspiller le charbon mais eux aussi ont déjà constaté que le problème était ailleurs », témoigne Gérard Habonimana, un domestique de Shatanya.

Le malheur des uns fait le bonheur des autres

 Pour les services de l’environnement,  l’utilisation rationnelle des énergies domestiques par la population est à saluer. L’amélioration de la qualité des braseros influe beaucoup sur la consommation du charbon  de bois  d’où la baisse des coupes d’arbres.

« Nous avons longtemps souhaité que la consommation de l’énergie par les ménages soit diminuée mais la situation reste toujours préoccupante du fait de la croissance démographique », a reconnu Jean-Marie Hatungimana responsable de l’antenne provinciale de l’Office Burundais pour la Protection de l’Environnement.  Ce responsable indique en outre que ce qui reste à faire est la sensibilisation de la population rurale à consommer moins d’énergie. Il fait savoir que ce combat  est difficile à mener dans la mesure où la majorité utilise seulement le bois de chauffe.   Et à lui de nuancer,

« En ville, les consommateurs cherchent à utiliser peu de charbon à bois vue les conditions économiques des ménages mais dans la campagne, ils ne réalisent pas à quel point ils participent dans la destruction de l’environnement », déplore-t-il.    

Quant aux vendeurs de charbon de bois, leur enthousiasme est partagé. Selon eux, ils ne reçoivent pas de clients comme avant. Heureusement, selon eux, que les prix ont montés.

« Ils achètent moins mais nous compensons ces méventes par le prix et les cabaretiers qui utilisent les modèles anciens pour griller les brochettes », souligne un vendeur.

Jean Noël Manirakiza

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