avr
19
2016

L’incidence des grossesses non désirées en milieu scolaire

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photo/PNUD-Burundi

Au Burundi, les statistiques scolaires prouvent que le nombre de filles à l’école, surtout au second cycle de l’enseignement secondaire, est inférieur à celui des garçons.  Pourtant,  le recensement général de la population burundaise de 2008 avait montré que le nombre des femmes est  supérieur à celui des hommes. Etant donné qu’au primaire, l’indice de parité est égale ou supérieur a un en faveur des filles, l’interprétation de ce déséquilibre de parité est multiforme. Le déséquilibre du même camp se remarque dans l’enseignement de la République du Congo, le cas des hauts plateaux de Minembwe, à l’Est.

Les uns expliquent le privilège des garçons au détriment des filles, les grossesses en milieu scolaire, manque de persévérance chez les filles et d’autres encore, le mariage précoce. Il sied alors de  vérifier si réellement les grossesses en milieu scolaire constituent une raison principale du faible taux des filles à l’école, surtout à partir de l’enseignement secondaire, dans les deux localités de la région des Grands Lacs.

Pour le Ministère de l’Education, de l’Enseignement Supérieur et de la recherche scientifique burundais, les grossesses en milieu scolaire ne justifient plus le faible taux des filles à l’école. La porte-parole de ce Ministère, Juma Edouard, indique qu’on a initié un avantage d’accès des filles-mères à l’école afin de ne pas compromettre totalement leur avenir.

En RD Congo, c’est plutôt les services de l’Education qui constatent en premier lieu l’incidence des grossesses sur la scolarisation des filles. Selon le service de l’Education dans les hauts plateaux de Minembwe, les grossesses non désirées sont à l’origine du faible taux des filles dans la circonscription scolaire de Minembwe. Gasosi Byizigiro Alexis  agent de SECOPE donne  quelques raisons de ce phénomène.

Même des observations des Associations qui militent pour les droits de la femmedivergent du Burundi a Minembwe. Jean-Bosco Nshimirimana, coordinateur de l’Association pour le Renforcement des capacités des Communautés pour la prise en charge des Enfants Vulnérables, ARCEV-Burundi, dit que les grossesses non désirées sont en petite portion une cause d’abandon des filles au Burundi et que le grand problème réside dans la mentalité des parents.

La présidente de l’association de défense des droits de la femme et qui représente les services de genre dans le  post d’encadrement administratif de Minembwe, Madame Odette  Uwimana, malgré son refus de  s’exprimer au micro pour ses raisons privées, indique qu’elle reçoit plusieurs cas des victimes de  grossesse dans son bureau et que plusieurs  enfants  mineurs qui ont été engrosses  se cachent  suite aux effets des mentalités, de la coutume et du milieu. Elle rassure que des sensibilisations se poursuivent pour un changement positif des mentalités.

Malgré cette volonté de nier l’incidence des grossesses sur l’éducation de fille burundaise, dans certaines écoles, les filles qui abandonnent le sont principalement pour cause de grossesses. Le Directeur du Lycée Communal Cankuzo, à l’Est du Burundi, Kabura Chossan, affirme que 5 filles ont abandonné  sur son établissement suite aux grossesses,  pour le premier trimestre seulement de l’année scolaire 2015-2016.

C’est le même cas au Lycée Muyaga ou 8 filles ont abandonné, d’après le Directeur Abbé Innocent Nimubona, 3 filles au Collège Stafford de Muterero et à l’école paramédicale 1 fille pour le premier trimestre seulement; toutes suite aux grossesses. Même le Directeur communal de l’Enseignement à Cankuzo, Mpogazi Léonidas, affirme que les grossesses non désirées pourraient justifier le faibles taux des filles dans sa direction.

Les filles qui tombent enceintes rentrent à la maison pour accouchement et allaitement. Elles sont accueillies de façondifférente suivant le niveau de compréhension de leurs familles respectives. Certaines préfèrent rejoindre leurs amantsmalgré leur minorité en âge. Dans tous les cas, des cauchemars ne manquent pas. Cette fille du nom de Kanyange Claudine, originaire de la Commune Mukike, vient de passer deux ans à la maison après avoir mis au monde étant en 9eme. Elle témoigne que la grossesse est un mauvais souvenir pour une élève.

A Minembwe, les astuces des garçons et la pauvreté sont parmi les ouvertures à des grossesses malencontreuses. Interrogée sur ce problème, deux victimes des écoles différentes, Nyantabara Soleil, élève de l’école primaire rununducepac qui a été engrosse a l’Age de 17ans et Nyamarembo Esperance de l’Institut  Madegu,  âgée de 15ans. Cette dernière dit qu’elle a été engrossee par un homme  qui l’a trompée pour la prendre en mariage et la première parle de la pauvreté.

Même les parents expriment que les grossesses à l’école est une question qui mine leurs filles. Cette maman avait 3 filles au secondaire. Elles sont toutes tombées enceintes. Dépassée, la vieille maman dit que ce n’est pas toujours facile à digérer.

La Directrice Générale qui a la promotion de la femme dans ses attributions au sein du Ministère des droits de l’homme y compris le genre au Burundi, Madame Donatienne Girukwishaka, affirme que les grossesses en milieu scolaire constituent une cause du faible taux des filles dans les écoles. Elle n’omet pas tout de même la contribution de la culture.

D’autres causes de la vulnérabilité de la fille à l’école sont de plusieurs formes. D’après ARCEV-Burundi, la fille est considérée comme une main d’œuvre dans la communauté. Le Coordinateur de l’ARCEV-Burundi plaide pour la sensibilisation des communautés à l’éducation universelle de la fille.

La Directrice Générale qui a la promotion de la femme dans ses attributions au sein du Ministère des droits de l’homme y compris le genre au Burundi indique que la sensibilisation continue à tous les niveaux.

Signalons que la constitution de la République du Burundi prévoit l’égal accès à l’Education en son article 53 : « Tout citoyen a droit à l’égal accès à l’instruction, à l’Education et à la culture. L’Etat a le devoir d’organiser l’enseignement public et d’en favoriser l’accès. Toutefois, le droit de fonder les écoles privées est garanti dans les conditions fixées par la loi ». Le Gouvernement Burundais a également initie des programmes pour la promotion de l’éducation de la fille tel que le programme de l’éducation pour tous et la campagne de zéro grossesse a l’école.

Reportage d’investigation réalisé par Jean Bigirimana au Burundi et Anne Nanduhura en RDC. 

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