jui
03
2018

Ngozi-Ville : des Batwa mendiant malgré l’interdiction

Des femmes en âge avancé de la communauté Batwa (Pygmées) sont répétitivement saisies et emprisonnées avant d’être relaxées pour cause de mendicité en milieu public. Pour couper avec cette pratique, elles demandent une assistance en vivres. Et régulièrement.

On les voit venir aux environs de 9 heures du matin. En chśur, elles se déplacent. Des cannes à la main, chacune. A l’arrivée dans la ville, elles se scindent en groupes, de deux ou de trois. Leurs collines d’origine sont Gatonde et Gika. A deux kilomètres à peu près du centre-ville. La plupart des fois, ces sexagénaires rodent autour des agences de transport, Volcano et Memento. Elles partagent le butin une fois rencontrée une âme charitable. Quand bien même la loi est là contre la mendicité, elles ne se cachent pas. Elles circulent librement. Contrairement aux enfants de la rue qui jouent au cache-cache avec la police.

«  On nous a embarqués à trois reprises. Au cachot de la police judiciaire. Mais le même jour on nous relâche», raconte Nyanzira l’une du groupe de trois sexagénaires. Elles font savoir qu’il n’y a pas d’autres moyens de survivre sauf la mendicité. «  Nous, toutes ici, sommes des veuves avec des petits-enfants sous nos comptes. Des enfants que nos enfants ont laissés, après leur mort. Comme vous le voyez, nous n’avons plus de force de travailler en échange d’argent ou de nourriture. C’est pourquoi nous nous rabattons sur la mendicité ».

Nahimana, une autre vieille maman précise que quatre ans avant, tout allait bien. « L’ex administrateur nous donnait chaque mois une aide en vivres. Mais aujourd’hui, le nouveau semble nous avoir abandonnées». Et de conclure qu’elles préfèrent la prison que de mourir de faim au milieu de leurs enfants.

Nécessité d’un projet à long terme

Les habitants et membres de la communauté Batwa de la colline Gatonde indiquent qu’ils enregistrent à peu près une quinzaine de veuves sans abri confortable et vivant seulement de la mendicité. «  Les autres mamans vivent de leur main d’śuvre dans des chantiers de fabrication des briques cuites. Leurs maris se déplacent en ville à la recherche de l’argent. Mais voyez, ces vieilles mamans-là n’ont pas de force ».

Melchior, de sa part, trouve que la commune ferait mieux de restaurer le système d’octroyer les « deux kilogrammes » qui étaient accordés, aux plus pauvres, chaque mois. «  Ou bien, que le projet promis par l’administration en faveur des enfants et personnes en âge avancé vivant de la mendicité soit réalisé dans l’immédiat. Sinon, ils feront toujours recours à la main tendue afin de survivre », a-t-il ajouté.

Une source proche de l’administration communale indique qu’une commission chargée d’élaborer un projet «  durable » pour les démunis a été déjà mise sur pied. Pour la même source, les moyens financiers proviendraient d’un certain pourcentage à grignoter sur les 500 millions que l’Etat accorde, chaque année, aux communes pour l’autopromotion des collectivités locales. « L’administration a constaté qu’octroyer des vivres n’aide pas grand-chose aux pauvres car, précise-t-elle, si ces derniers sont satisfaits aujourd’hui, ils réclament le lendemain ». Et de conclure : « Il leur faut un projet bénéfique à long terme.»

iwacu-burundi.org

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