sep
06
2019

Oser ou s’aligner

Le président Macron a préconisé, mardi 27 août, à ses ambassadeurs de recourir  à une “stratégie de l’audace” pour faire face à la « fin de l’hégémonie occidentale ».

Quid de cette stratégie au Burundi, notamment au moment où les gouvernants appellent au changement de mentalité, indispensable à leurs yeux pour relever les défis du temps présent ? A l’instar du président du Sénat, Révérien Ndikuriyo, qui insiste, dans le cadre de la reprise de sa tournée des communes, sur le changement de mentalité comme préalable au développement socio-économique. Cette stratégie parle-t-elle aux Burundais dans leur quotidien? Le contexte culturel et politique s’y prête-t-il ?

La mise en œuvre de la stratégie de l’audace revient à tenter des solutions nouvelles pour des problèmes inédits ou persistants. Oser, c’est avoir une grande liberté d’action, élargir le champ des possibles. Or, pour les Burundais, en ce temps de crise politique, oser équivaut à de l’inconscience tant la phrase « Urazi  aho uri ? »(Es-tu conscient du contexte dans lequel tu évolues?) se repète comme une litanie de la majorité silencieuse pour qui le ratio inconvénient/avantage est toujours en faveur de la première variable.

Considérer l’adulte comme le dépositaire du savoir ou de la vérité dans son interaction avec « le Burundi de demain » est une pesanteur socio-culturelle qui n’incite pas à sortir des sentiers battus. « Kurya bike ukaryama kare » (Se contenter de ce que l’on a), une prudence qui confine à la léthargie.

Même en cas de non-satisfaction des besoins primaires, certains mettent un point d’honneur à s’acquitter de leurs obligations sociales quitte à basculer dans le surendettement. Instinct grégaire, quand tu nous tiens !

Autre obstacle majeur à la stratégie de l’audace : l’éthique des Eglises évangéliques. Un optimisme béat sous la forme « Dieu le fera» désamorce l’action, mais procure la force vitale minimale pour supporter le fardeau du quotidien. La prière devient rentable, la promesse d’un lendemain meilleur se suffisant en elle-même.

La stratégie de l’audace à l’échelle individuelle et nationale s’interroge à l’aune d’un horizon que l’on aurait configuré à l’avance. Pour ne pas se cantonner au stade de l’utopie, qui fait voir un ailleurs sans dire le chemin qui y mène, le changement de mentalité ne peut faire l’économie de cette stratégie.

Le principal enjeu pour l’éducation de demain est de former des individus libres mais reliés à leur environnement social. Des individus qui, par la stratégie de l’audace, laissent leurs empreintes sur leur

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