nov
07
2017

Rapatriement des devises : la BRB revoit sa politique

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Prosper Ngendanganya, directeur de la supervision, de la stabilité financière et de l’inclusion financière à la BRB

La BRB autorise les banques commerciales à servir les transferts en devises. Les bénéficiaires s’en frottent les mains. Mais les bureaux de change et les cambistes de rue en font les frais.

« C’est une bonne nouvelle. Maintenant, je peux retirer le transfert en devises à Bujumbura. Je peux profiter de la différence sur le marché noir », se réjouit une femme anonyme rencontrée au centre-ville, ce lundi 30 octobre. Elle révèle que son mari faisait transiter les transferts dans les banques au Rwanda « pour gagner le différentiel de change au marché noir.» Elle n’aura plus à débourser les frais de transport pour percevoir ces transferts. « Enfin, je retire 300 euros en totalité.»

N. T., un étudiant à l’International Leadership Université de Bujumbura, ne cache pas son enthousiasme. Chaque mois, son frère lui envoie 150 dollars du Canada pour payer ses frais de scolarité. « Mon Dieu! Désormais je peux retirer cet argent sans pour autant aller à Kigali. »

Pour rappel, depuis le 27 octobre, la Banque de la République du Burundi (BRB) autorise les banques commerciales à servir les transferts en devises en provenance de l’étranger aux bénéficiaires. Et de préciser qu’ils doivent ouvrir un compte en devises dans la même banque.

Selon une source anonyme d’une banque commerciale, cette mesure est salutaire. «Il y aura un impact immédiat sur les transfert de fonds.» Cette source fait savoir que depuis octobre 2016, les transferts ont diminué de 60% par rapport à la même période de l’année précédente. Elle espère retrouver les niveaux de transferts d’avant.

Les marchés de change déstabilisés

Prosper Ngendanganya, directeur de la supervision, de la stabilité financière et de l’inclusion financière à la BRB, confirme que les bénéficiaires peuvent toucher les transferts via les banques commerciales : « Seuls les bénéficiaires ayant des comptes en devises ont le droit de retirer leurs transferts en devises. »

Cette mesure a déstabilisé les bureaux de change. Lundi 30 octobre, plusieurs d’entre elles ont refusé de vendre leurs devises. « Nous avons acheté un dollar 2870Fbu vendredi. Aujourd’hui, le dollar américain s’achète 2400 Fbu et se vend 2420 Fbu. Je perds 450 Fbu pour un dollar vendu», se lamente un cambiste sous anonymat. Le constat est que les prix des devises varient d’un bureau à l’autre. Dans certains, le dollar s’achète 2400 Fbu et se vend 2700 Fbu, alors que d’autres l’achètent 2550 Fbu et la vend 2900Fbu.

Quant à l’euro, il s’achetait 3330Fbu et se vendait 3350 Fbu, vendredi 27 octobre. Ce lundi, il s’achetait 2700 Fbu et se vendait 3300 Fbu. « Nous voulons récupérer le manque à gagner sur les devises achetées vendredi », a expliqué un cambiste de rue rencontré en face de la Socabu.

D’après le taux officiel de la BRB, le dollar américain s’achetait 1745 Fbu et se vendait 1765 FBU, lundi 30 octobre. Pour l’euro, il s’achetait 2025 Fbu et se vendait 2050 Fbu. Les clients rencontrés dans ces bureaux refusent d’acheter et de vendre. « Ils veulent m’avoir, je connais le prix du dollar. Ce n’est pas moins de 2800 Fbu. J’attends pour que son cours augmente,» lâche un jeune homme refusant de vendre son billet vert.

http://www.iwacu-burundi.org

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