Jan
29
2019

RDC: une requête congolaise qui embarrasse les casques bleus de la Monusco

Alors que Paul Kagame devait se rendre à Kinshasa avec une délégation de chefs d'Etat de l'Union africaine (UA) et avait demandé la suspension de la proclamation des résultats définitifs de la présidentielle, le gouvernement congolais a extradé dans le plus grand secret deux membres des FDLR, les rebelles hutus rwandais dont son porte-parole, Bazeye Fils Laforge à Kigali. Sa famille craint qu'il n'ait servi de monnaie d'échange pour négocier avec le Rwanda et obtenir l’annulation de la visite des chefs d’Etat. En tout cas, les services congolais l'accusent désormais, lui et l'opposant rwandais, le général Kayumba Nyamwasa, de planifier une attaque contre Kigali depuis le sol congolais et ont demandé l'assistance des casques bleus pour attaquer un groupe de présumés FDLR complices.

La requête du ministre congolais de la Défense date du 18 janvier. Au lendemain du sommet d'Addis-Abeba, Crispin Adama Tabe « s'empresse » de demander l'appui des casques bleus contre un groupe qualifié de FDLR qui, sollicité par le général Kayumba Nyamwasa, écrit-il, ferait route vers le Sud-Kivu. C'est là que le groupe armé d'un certain Shaka Nyamusaraba recevrait « des séances d'information » du général Kayumba Nyamwasa lui-même, pourtant exilé en Afrique du Sud, ou de présumés membres de son parti. C'est en tout cas ce qu'avaient affirmé en septembre dernier au groupe d'expert des Nations unies douze anciens combattants de ce groupe, présentés par les services congolais.

Embarras à la Monusco

Du côté de la Monusco, on ne cache pas son embarras suite à cette requête, la colonne évoquée par le ministre congolais n'est pas une colonne de FDLR mais est composée plutôt de dissidents, le CNRD, et surtout de milliers de civils, femmes et enfants, pourchassés non seulement par l'armée congolaise mais aussi par des supplétifs, dont le chef de guerre Guidon sous sanction de l'ONU. Cela fait plus de quatre ans que ce groupe, le NDC-Rénové, cible les Hutus rwandais comme congolais, combattants comme civils, avec pour objectif de les renvoyer au Rwanda. Le CNRD, lui, dément tout déplacement volontaire, parle d'une population « en débandade » et demande aux autorités congolaises de ne pas les rapatrier de force au Rwanda ou au moins de le faire dans le respect de la dignité humaine.

« Timing » suspect

Le RNC, de son côté, dément avoir des liens avec les FDLR et dit trouver le timing des accusations des gouvernements congolais et rwandais très suspect alors qu’on dit Kigali et Kinshasa en froid. Le parti du général Kayumba Nyamwasa rappelle avoir demandé un dialogue depuis juillet dernier dans une lettre adressée au président Kagame avec d’autres partis politiques rwandais dont les FDU de l'opposante Victoire Ingabire. Une lettre restée sans réponse.

www.rfi.fr/afrique

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