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15
2019

Rwanda-Gakenke: Plus de 1230 conflits familiaux recensés en une année

Gakenke est un l’un des 30 districts du Rwanda. Dans cette circonscription située dans la province du nord du pays, les conflits familiaux sont devenus presque monnaie courante. L’administration a déjà recensé 1238 cas dans une année, un chiffre qui peut s’alourdir du moment qu’il y a des cas méconnus par l’administration.

 

“C’est en fait une menace sérieuse  pour le développement de la population dans tous les domaines de la vie”, une phrase du maire du district de Gakenke, Mr Déogratias Nzamwita, pour resumer ce phénomène.

 

Cette perception de l’administration est sans équivoque dans la vie courante de la population de cette localité. Et, des preuves ne manquent pas, surtout chez les jeunes couples selon Mr Nzamwita.

 

Geraldine Uwimana (le nom a été modifié), est mère de deux enfants, l’ainé étant en 5ème année primaire. A 32 ans, cette femme du secteur Kivuruga, ne vit plus avec son mari.

“On s’est disputé juste après la naissance de notre premier enfant. Il a refusé de reconnaitre l’enfant, arguant qu’il n’est pas son père biologique. En fait, mon ex-mari m’a accusé de l’infidélité alors que ce n’est pas vrai. J’ai été battu maintes fois.  Il a refusé même de nous donner la ration alimentaire quotidienne, et j’ai été obligée de quitter et m’en aller pour reconstituer ma propre vie” témoigne-t-elle, les larmes aux yeux.

 

Assise devant sa petite maison en mauvais état et sans cloture, dans un après-midi nuagé, elle affirme que cette situation la met dans une insécurité alimentaire car, dit-elle, elle doit travailler chez les autres pour avoir de quoi nourrir et scolariser ses deux enfants.

 

Ces conditions de vie, ajoute-t-elle, deviennent de plus en plus intenables du jour au jour.

 

“Le matin je quitte la maison pour aller chercher du travail journalier à fin de ganger ne fut-ce qu’un billet de 1000 Frwa. Mais des fois je rentre mains vides. Et donc, nourrir mes enfants devient problématique. Si j’ai la chance d’avoir de la patte de maïs ou des pommes de terre, cela me suffit. Pas question de me tracasser pour chercher des legumes et/ou fruits. Mais quand même j’essaie de faire de mon mieux pour cultiver des legumes et les donner à mes enfants pour qu’ils n’attrapent pas des maladies liées à la malnutrition” laisse-t-elle entendre.

 

Son habitation est installée non loin de la route principale Kigali-Musanze. Pour le moment, elle est dans la 1ère catégorie sociale et est bénéficiaire des interventions socio-économiques du district notamment pour le payement de son loyer.

 

Geraldine n’est pas la seule dans cette localité à être victimes des conflits familiaux. Selon elle, pas moins de 10 ménages de son entourage sont toujours dans ces disputes familiales.

 

L’administration du district de Gakenke est consciente de ces conflits qui finissent par déstabiliser le développement économique des ménages.

 

Mr Déogratias Nzamwita, maire de Gakenke n’en revient pas. “Pour le moment nous avons déjà recensé 1238 familles qui connaissent différentes formes de conflits familiaux. Et j’ose croire que le nombre réel est de loin supérieur car ces cas sont ceux qui ont été rapportés ou ceux dont les parties en conflits ont saisis l’administration” precise Nzamwita.

 

Les causes de ces disputes sont de plusieurs sortes selon l’administration de base. “L’ivrogne, la mauvaise gestion des biens familiaux, l’infidélité et bien d’autres. Et la plupart des fois, les hommes sont les premiers pointés du doigt comme instigateurs” fait remarquer le maire Nzamwita.

 

Des mesure draconiennes pour faire face à ce phénomène

 

L’administration regrette que les consequences de cette situation se répercutent souvent sur l’education des enfants. De la malnutrition à l’abandon scolaire en passant par le non développement de la famille, tueries ou suicides, mauvaise gestion des biens du ménage et prostitution chez les enfants issus de ces familles.

 

Mr Déogratias Nzamwita, maire, district Gakenke

 

Différents services du district de Gakenke ont décidé d’en découdre avec ce phénomène de conflits familiaux.

 

“Ce matin, nous avons tenu une réunion extraordinaire sur cette problématique. Plusieurs internants dont l’armée, la police, le conseil exécutif du district, les représentants des différents secteurs qui composent notre district et bien d’autres intervenants en la matière comme les confessions religieuses. Nous nous sommes convenus d’intensifier des séances de sensibilisation sur les méfaits de ces conflits. Une autre mesure prise est que d’ici la fin de cette année nous devons faire des visites de conscientisions au moins 4 fois dans des ménages qui ont des conflits aigus” a souligné Nzamwita, mercredi 13 mars 2019, dans un ton plutôt ferme.

 

Gakenke est parmi les premiers districts qui connaissent plusieurs conflits familiaux dans le pays.