jui
31
2021

Semaine de la diaspora :Des Burundais de l’étranger expriment leur lassitude

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Des membres de la diaspora burundaise présents lors de la deuxième journée de la semaine de la diaspora.

Là où les représentants proclamés de la diaspora burundaise évoquent un bilan largement positif en termes d’apport de la diaspora à l’occasion de l’ouverture de cette semaine, des Burundais établis à l’étranger accusent le pouvoir de Gitega d’étouffer dans l’œuf les initiatives de développement de la part de la diaspora.

Dans son discours tenu ce mercredi 28 juillet pour le deuxième jour de la semaine de la diaspora prévu du 27 au 30 juillet, le président de la République, Evariste Ndayishimiye, a demandé aux membres de la diaspora de s’organiser en associations et coopératives pour pouvoir contribuer aux projets et programmes de l’Etat du Burundi.

Le chef de l’Etat a aussi exhorté les membres de la diaspora à accompagner l’Etat burundais dans sa vision de la lutte contre la pauvreté « afin que chacun ait de quoi se mettre sous la dent et puisse disposer d’un niveau de vie décent ».

Dans leurs diverses interventions par la suite, les membres de la communauté burundaise établie à l’étranger présents à cette semaine se sont engagés à redorer l’image du Burundi dans le concert des nations, promettant d’être des ambassadeurs du Burundi, d’y investir et d’inciter les étrangers à y installer des entreprises.

La veille, à l’occasion de la première journée de la semaine de la diaspora, Japhet Legentil Ndayishimiye, président proclamé de la diaspora burundaise, s’est félicité des actions accomplies par des membres de la communauté burundaise établie à l’étranger au premier rang desquelles la mise en place de la Radio communautaire Cibitoke Diaspora Network (CDN) par des ressortissants de cette province et la création de l’hôpital de référence de Kigutu (province Bururi).

« Les fonds envoyés au Burundi par la diaspora ont augmenté de 3% depuis 2012 », a précisé le président de la diaspora burundaise. Et de demander que la dimension diaspora soit intégrée dans l’intitulé du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération au Développement.


Japhet Legentil Ndayishimiye : « Les fonds envoyés au Burundi par la diaspora ont augmenté de 3% depuis 2012. »

De son côté, Albert Shingiro, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération au Développement a fait savoir que son ministère a facilité aux membres de la diaspora les procédures administratives dans la mise en place de projets de développement. Le ministre a profité de cette occasion pour préciser que cette semaine de la diaspora abordera le développement du secteur de l’agriculture et l’élevage, une nouvelle orientation du domaine de l’éducation, le plan national de santé publique, la justice équitable pour tous, etc.

« Une nouvelle politique de la diaspora sera bientôt mise en place après celle qui date de 2016 et ayant pris fin cette année », a annoncé le ministre Shingiro.

Enfin, le vice-président de la République, Prosper Bazombanza, a appelé aux membres de la diaspora présents « à forger leur propre vision sur la réalité de la paix et la sécurité au Burundi ». M. Bazombanza a, en outre, affirmé que le Burundi est dans un processus d’ouverture « totale » et de coopération gagnant-gagnant avec ses partenaires tant bilatéraux que multilatéraux.

Des Burundais de la diaspora désabusés

P.Z. est un Burundais établi en Afrique du sud. Désabusé, il tient d’abord à nous raconter les divisions qui minent la diaspora burundaise dans la nation arc-en-ciel. « Nous avions créé l’ABUSSA ‘’Association for Burundian Solidarity in South Africa’’ en 2004. Avec le temps, certains Burundais vivant ici ont voulu en faire un satellite du parti Cndd-Fdd ».

Toujours remonté contre cette situation, P.Z. raconte qu’avant ces divisions, l’ABUSSA avait notamment accueilli l’équipe féminine des Intamba mu Rugamba. « Quand les joueuses étaient venues à Soweto, nous les avons accueillies à l’aéroport, les avons aidées à passer un agréable séjour. Tout cela a coûté pas moins de 1000 dollars à l’association ». Ce membre de la diaspora burundaise au pays de Nelson Mandela s’empresse d’ajouter que l’ambassade burundaise n’a contribué en rien quant à l’accompagnement des joueuses Intamba.

Les divisions au sein de cette diaspora, un frein aux initiatives en direction du Burundi ? C’est ce que défend P.Z. « Pour que nous ayons un impact dans notre pays natal, il faudrait que nous ayons une structure d’action solide et unie. Avec les divisions sur base politique qui règnent entre nous, nous sommes loin du compte ».

Et de témoigner que cet état de fait a découragé beaucoup de Burundais qui vivent en Afrique du sud. « En fait, certains voudraient que tous les Burundais vivant à l’étranger soient adhérents du parti au pouvoir. Or c’est chose impossible ».

D’un point de vue individuel, d’après P.Z., les Burundais qui ont des initiatives rencontrent des obstacles insurmontables. « J’ai connu un Burundais vivant dans un pays limitrophe du Burundi qui voulait mettre en place un projet médical. C’était en 2008. Une fois les pouvoirs publics mis au courant, il lui a été demandé de débourser 10.000 dollars américains au ministère des Finances pour que son projet soit validé. Choqué face à cette corruption déguisée, mon ami a jeté l’éponge et s’en est retourné amer dans son pays d’adoption. Aujourd’hui, il occupe de hautes fonctions au sein de l’armée de ce pays. Quelle perte pour notre patrie ! », regrette P.Z.

Et de s’indigner, à partir de là, de la corruption qui gangrène les institutions burundaises et qui, selon lui, explique les réticences de nombreux Burundais de l’étranger prêts à investir dans leur pays natal.

https://www.iwacu-burundi.org/semaine-de-la-diaspora-des-burundais-de-le...

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