juin
08
2022

Tanzanie : un émissaire burundais pour sensibiliser les réfugiés au rapatriement volontaire

Le Burundi a délégué un envoyé spécial dans les camps de réfugiés en Tanzanie. Il s’agit du consul burundais dans la région de Kigoma qui, selon nos informations, a la mission de convaincre les réfugiés burundais au retour massif et volontaire. Le ministère tanzanien des affaires intérieures amplifie l’appel tout en mettant en garde les réfugiés que des mesures contraignantes seront prises à l’endroit de ceux qui ne répondront pas à cet appel. Pour les concernés, les avis sont partagés. (SOS Médias Burundi)

Jérémie Kekenwa, le consul burundais à Kigoma, région frontalière avec le Burundi, se trouvait ce mardi au camp de Nduta. Ce Lundi, il était à Nyarugusu. Partout il s’est entretenu avec ses compatriotes, réfugiés burundais.

Selon des réfugiés, Kekenwa a d’abord compati avec ces Burundais.

« Moi même j’ai été réfugié comme vous, je ressens votre calvaire et chemin de croix que vous endurez ces derniers jours : des maladies, la famine, des élèves et écoliers qui n’étudient presque pas, [ …] « , a-t-il dit devant un parterre de réfugiés qui ne semblaient pas accorder attention à ses propos comme l’affirment certains d’entre eux.

« Il ne fait que verser les larmes de crocodile », estiment-ils.

Le consul burundais , accompagné par le directeur national en charge des questions des réfugiés au ministère de l’intérieur tanzanien a alors livré son principal message, le même dans les deux camps.

« Le Burundi ne comprend pas pourquoi vous êtes encore ici dans ces ténèbres. Rentrez et vivez bien chez vous. Le pays vous réserve un accueil chaleureux. Il y a des projets de développement communautaire conçus pour les femmes et les jeunes rapatriés. Et puis, les écoles ouvriront les portes en septembre prochain, on espère enregistrer beaucoup de vos enfants pour la prochaine année scolaire. Ne vous inquiétez pas, vos propriétés et biens ont été bien gardés », a-t-il essayé de persuader.

» Il ne s’agit pas d’un appel au retour forcé. C’est à vous de distinguer le bien du mal. Prenez le chemin retour dans un processus de rapatriement volontaire », a conclu Jérémie Kekenwa.

Sudi Mwakibasi, directeur national en charge des réfugiés en Tanzanie a menacé que son pays pourra même « fermer les camps des réfugiés en provenance des pays paisibles comme le Burundi « .

« Prenez la bonne décision à temps avant que nous ne prenions des mesures contraignantes. Dans une année à partir d’aujourd’hui, l’assistance en ration et en médicaments pourra être coupée. Vous avez une année pour rentrer. Le HCR et la Tanzanie ont d’autres priorités que vous. Après avoir fait des missions au Burundi, on a constaté que la paix est une réalité dans tout le pays », a insisté M. Mwakibasi.

Pour les réfugiés burundais, les avis sont partagés.

« Certains ont vraiment exprimé le désir de rentrer. Mais beaucoup d’autres comme moi d’ailleurs, nous ne comptons pas désarmer et céder à la menace. Nous sommes déjà habitués au calvaire et à ces messages d’intimidation. Nous préférons mourir en exil au lieu de rentrer chez nous », a réagi un réfugié. C’est le même sentiment chez des réfugiés qui n’ont pas eu le temps de s’exprimer devant l’envoyé spécial burundais car empêchés de prendre la parole par les autorités du camp.

Pour M. Kekenwa, « nous voulons tous vous voir au Burundi à la fin de cette année ». Selon un intellectuel au camp de Nduta, il s’agit là d’un ordre déguisé.

Plus de 300 mille Burundais sont toujours en exil, la Tanzanie comptant près de la moitié.

https://www.sosmediasburundi.org/2022/06/08/tanzanie-un-emissaire-burund...

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