aoû
27
2018

Trois ans pour mettre fin à l’errance des animaux domestiques

L’Assemblée Nationale a adopté, en date mi- août 2018, le projet de loi relatif à la stabulation permanente. Une fois entrée en vigueur, cette loi permettra aux éleveurs  traditionnels d’opter pour un élevage intensif plus rentable et plus productif.

La majorité des éleveurs laissent  leurs animaux errer  dans les exploitations agricoles et ceci occasionne des conflits entre voisins d’une part, entre éleveurs et agriculteurs qui voient leurs cultures abimées par les animaux d’autre part.

« Depuis 2000, le gouvernement du Burundi à travers le ministère  de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage, encourage et sensibilise les agri-éleveurs à adopter progressivement la stabulation permanente qui est un mode d’élevage qui améliore la santé du bétail, procure une bonne production et des revenus sans nuire à l’environnement ou aux intérêts d’autrui », a précisé Dr Déo Guide Rurema, ministre de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage lors de l’exposé des motifs sur le projet de loi relatif à la stabulation permanente devant la chambre basse du parlement.

Selon le ministre Déo Guide Rurema, suite à l’errance du bétail, il y a toujours risque de transmission et de propagation des maladies animales infectieuses et non infectieuses. De surcroît, cela est à la base des maladies zoonotiques (relatif à la zoonose, maladie qui peut se transmettre de l’animal à l’homme ou inversement).

Les éleveurs doivent d’abord faire enregistrer leur bétail

L’enregistrement du bétail facilite le suivi des performances des animaux et de l’évolution du cheptel. Il permet donc  de rendre disponible les données de l’élevage au Burundi d’une part, mais aussi d’éviter qu’il y ait des élevages non autorisés qui peuvent conduire à la disparition des ressources zoogénétiques.

Selon toujours Dr Rurema, les conditions de réussite d’une stabulation permanente sont entre autres  la disponibilité des aliments en quantité et en qualité suffisantes pour nourrir ces animaux ainsi que leur logement. Les objectifs visés par le secteur de l’élevage sont notamment la productivité et l’augmentation  des productions animales. « Les dispositions de la présente loi contraignent les éleveurs à pratiquer des élevages rentables et non de prestige ; d’où la nécessité de nourrir correctement les animaux pour arriver à l’objectif de la production et de la reproduction », affirme Dr Rurema avant d’ajouter qu’avec les conditions de surpopulation ainsi que l’exiguïté des terres observées sur presque tout le territoire national, il est difficile d’encourager l’élevage extensif.

L’insuffisance des terres et des zones d’abreuvage inquiète les éleveurs

Les éleveurs de Gihanga ne cachent pas leurs préoccupations. Ils affirment qu’il sera difficile pour eux d’avoir des espaces suffisants pour enfermer leur bétail. « Nous avons déjà le problème d’espaces pâturables  et d’approvisionnement en eau pour l’abreuvage de nos bovins. On se demande maintenant comment on va arriver à trouver où enfermer tout le bétail », s’inquiètent les éleveurs. Dr Rurema les tranquillise en leur promettant de disponibiliser assez de semences fourragères et en faisant en sorte que les unités de fabrication d’aliments du bétail soient répandues dans différentes régions pour faciliter l’approvisionnement des éleveurs. Des points de pompage d’eau  seront aussi mis en place pour ceux qui vont adopter le système de paddocking (élevage des ruminants dans une prairie clôturée subdivisée en parcelles appelées « paddocks » permettant une gestion rationnelle des pâturages et le logement du bétail).

Les inquiétudes soulevées par les députés sur la mise en application de cette loi relative à la stabulation permanente sont notamment liées au délai imparti aux propriétaires d’animaux pour  se conformer à ce projet de loi qui est prolongé jusqu’à 3 ans car les députés ont constaté qu’un délai de 2 ans est très court pour se préparer à un tel changement étant donné que c’est un travail qui demande des investissements consistants.

Pascal Nyabenda, président de l’Assemblée Nationale, a recommandé aux autorités administratives de surseoir à la mise en application immédiate de cette loi et exhorté les éleveurs à se préparer en conséquence pour respecter un délai de 3 ans avant  la mise en application de la loi relative à l’interdiction de la divagation des animaux domestiques et de la basse-cour au Burundi.

Signalons que le projet de loi a été adopté à l’unanimité.

burundi-eco.com

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