juin
05
2018

Un débat relancé sur le port vestimentaire "indécent" de l’adolescente rwandaise

Certains leaders d’opinion semblent avoir une autre façon de comprendre que les repères culturels ne sont pas nécessaires pour les adolescents rwandais qui fréquentent les centres scolaires.

Tel est le cas de M. Olivier Nduhungirehe, Secrétaire d’Etat à la Coopération Internationale. Pour lui, on a assez malmené les jeunes élèves qui se rendent à l’école avec des jupes très écourtées cachant très mal leurs cuisses d’adolescentes. « Cette conception est celle d’un autre âge », a-t-il dit sur son compte twitter trouvant que les garçons n’ont qu’à ne pas les regarder. Il a provoqué un tollé de réactions désapprouvant sa sortie.

Pour lui, même l’enseignant qui se plaint de voir son élève mal assise devant lui et lui montrant ses habits d’intérieur à cause de son uniforme court, il a tort.

De l’autre côté, les éducateurs sont excédés de voir les excentricités des adolescentes avec ongles peints, bouches et sourcils vernissés et des coiffures excessivement travaillées. « On croirait qu’au lieu d’aller à l’école, elles vont à la fête », se disent-elles appelant les parents à les aider à redresser l’éducation de leurs fillettes et à les aider dans cette mission difficile.

Ces éducateurs comprennent combien ces excentricités vestimentaires et comportementales influent négativement sur le niveau d’atteinte des objectifs de l’enseignement pour l’adolescente et même pour l’adolescent son camarade d’école qui en est distrait.

Pourtant M. Olivier Nduhungirehe ne voit pas la chose de cette façon. « Celui qui a un problème, ce n’est pas l’adolescente, c’est plutôt l’homme qui la regarde et qui lui impose une certaine tenue vestimentaire (décente). Nous devons dépasser cet entendement », a-t-il dit appuyé en forme de réaction sur twitter par Johnston Busingye, Ministre de la Justice et Garde des Sceaux. « Il faut dépasser cette attitude de penser non nécessaire », a-t-il dit.

Ces deux leaders d’opinion ont été pris à partie par un certain Hassan Kubwimana qui recommande « la révision de cet indécent code vestimentaire » et par une certaine Kami Phiona qui questionne les deux intervenants leur demandant s’il existe dans le monde une société humaine qui « n’a pas de valeurs culturelles qui la guident » et auxquelles elle doit se conformer.

Ces ministres sont allés à côté de la plaque. Ils viennent de contredire leur homologue Isaac Munyakazi (Enseignement Primaire et Secondaire) qui visitent les écoles secondaires du pays recommandant aux éducateurs de décourager ces tenues.

« C’est un problème qui nous tient à cœur. Nous avons vu certaines d’entre elles habillées comme si elles allaient à une fête avec des couleurs sur leurs ongles et des boucles à leurs oreilles. Nous y avons trouvé un problème sérieux », a dit révolté Dr Irené Ndayambaje, DG de Rwanda Education Board (REB) invitant les parents à s’associer de très près au projet difficile d’éducation de la jeune adolescente encore sur le banc de l’école secondaire. Il propose à l’école publique et aux écoles subsidiées de concevoir un code vestimentaire décent auquel doit adhérer l’enfant comme une façon de protéger les valeurs de la culture rwandaise.

Alors en visite à APACE, une école située à Kabusunzu au Centre sud de Kigali, le Ministre Isaac Munyakazi s’est adressé en termes durs au corps professoral de l’école : « Faites attention et visitez toujours l’hygiène corporelle de vos élèves. Visitez surtout les cheveux tressés ou défrisés des jeunes filles. Comment est-ce qu’une élève peut-elle réussir à l’école avec de tels cheveux qui lui prennent trop de temps ? Et quand elle n’a pas de l’argent pour entretenir ses cheveux, elle va le chercher par d’autres moyens… », a dit Munyakazi très déçu de l’allure comportementale des jeunes adolescentes dans les écoles secondaires du pays qui passent trop de temps dans les salons de coiffure à se maquiller les sourcils, les lèvres, à adopter des styles compliqués de coiffure dits Penke.

« Une élève qui ne se conformera pas au code vestimentaire et comportemental que vous aurez dressé devra être renvoyé », a alors décidé le ministre Dr Isaac Munyakazi aux éducateurs des centres scolaires du pays.

igihe.com

 

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